"J'ai mis un moment à prendre conscience de ce que j'avais fait. Maintenant que les émotions sont retombées, tout semble encore plus impressionnant", a-t-il dit à la presse locale.
"Je vis des moments dont je rêvais depuis que j'ai touché mon premier ballon. Des rêves d'enfant sont devenus réalité", poursuit le joueur de 24 ans.
Il y a moins de deux ans, le plus grand club des Balkans avait acheté au modeste Radnicki Nis cet attaquant à la carrière jusqu'alors erratique, sans compter en faire un titulaire. Son prix ? 300 000 euros. Payables en trois versements...
La sérénade des supporteurs
"Un homme, dont la valeur sur le marché est 400 fois inférieure à celle de l'équipe de Liverpool", résumait le quotidien 'Blic' après ses deux buts au Marakana. Ils ont été inscrits tout en puissance et en détermination, une tête sur corner et une frappe lourde du droit de 25 mètres.
Le soir-même, les supporteurs du "Crvena Zvezda" vont sous le balcon de son appartement chanter les louanges du colosse (1,93 m).
Quelques heures plus tôt, ils n'auraient sans doute pas imaginé le revêtir du costume du héros qui offrirait à l'Etoile Rouge sa première victoire en Ligue des Champions depuis son sacre en 1991.
Ses six premiers mois à Belgrade, il a à peine joué, blessé. La saison dernière, il a été prêté à son ancien club des Radnicki Nis avant de revenir à l'Etoile Rouge en début de saison. Et il ne figurait pas dans la sélection serbe au Mondial.
Mais son entraîneur Vladan Milojevic assure avoir cru en lui : "J'aime les joueurs travailleurs et modestes. Je savais que Milan serait récompensé un jour pour ses efforts."
"Si l'argent décidait seul dans le football, on n'y jouerait plus chez nous !", triomphait Blic selon qui "Pavkov a montré que le courage d'une équipe peut accoucher d'un héros individuel". Pour son concurrent Vecernje Novosti, Pavkov est un "Superman".
"Superman" est un forçat
Un "Superman" au parcours de forçat du football. Natif d'un petit village proche de Novi Sad (nord), il a fait le tour des petits clubs de sa région de Voivodine où il aligne les buts en ligue régionale. Cette efficacité lui ouvre en 2016 les portes du grand club local, le Vojvodina Novi Sad. Mais c'est un échec, avec aucun but en treize matches et un exil à l'autre bout du pays, dans le modeste club du Radnicki Nis (sud).
Il y est plus à l'aise, trouve le chemin des filets en professionnel et attire enfin l'attention des recruteurs de l'Etoile Rouge. Mais il y est en concurrence avec le Ghanéen Richmond Boakye, qui apparaît comme le titulaire indiscutable.
Il fait néanmoins partie de l'équipe qui arrache en août une qualification historique pour la Ligue des Champions à Salzbourg (Autriche) devant un Red Bull favori. Les images le montrant la tête enroulée dans un bandage ensanglanté, se battant comme un lion, marquent déjà les supporteurs du Crvena Zvezda. Mais le meilleur était à venir contre Liverpool.
"Je suis on ne peut plus heureux de cette grande victoire historique. J'étais conscient sur le premier but. Sur le deuxième, c'était incroyable... Je n'ai même pas eu le temps de célébrer", a commenté Pavkov après son doublé.
Dans son village de Begec, son ami de longue date Stevan Ninkov se souvient d'une explosion de joie homérique: "Incroyable, deux buts en sept minutes. Qui l'eût cru ?".