Deux ans après son élimination cauchemardesque au 1er tour du Mondial-2014 au Brésil, l'équipe double championne d'Europe en titre espère chasser le spectre du déclin et étirer encore son âge d'or.
"Nous restons sur la déception du Brésil et nous devons être plus concentrés que jamais dans cette compétition", a prévenu dimanche le meneur de jeu Andres Iniesta. "C'est la responsabilité des champions en titre d'aller le plus loin possible."
Même si le sélectionneur Vicente del Bosque a su injecter du sang neuf dans son groupe, une atmosphère viciée a néanmoins rattrapé les Espagnols avec le scandale sexuel qui a éclaboussé vendredi le gardien David de Gea.
Accusé par une femme d'avoir organisé en 2012 une soirée où elle aurait été contrainte d'avoir des relations sexuelles avec des footballeurs, le portier de Manchester United a démenti en bloc ces allégations.
De Gea, qui n'aurait selon la presse pas participé à ladite soirée, a aussitôt reçu le soutien de Del Bosque et de ses partenaires. Mais le joueur (25 ans, 9 sélections), symbole du renouveau générationnel espagnol, apparaît fragilisé alors qu'on l'annonçait titulaire à l'Euro aux dépens du capitaine Iker Casillas (35 ans, 167 sélections), jugé vieillissant.
- De Gea ou Casillas ? -
Lundi, Del Bosque va devoir trancher. Après plusieurs mois de "transition douce" entre ses deux gardiens, il doit décider si De Gea est capable de faire abstraction du contexte, ou bien si Casillas, charismatique mais déclinant, est une meilleure garantie.
"Si nous voyions que cela diminuait les capacités du joueur, nous prendrions des mesures. Et dans l'hypothèse où ce ne serait pas le cas, nous agirions comme nous comptions le faire, sans aucun problème", a dit le technicien dimanche.
Quoi qu'il en soit, l'Espagne reste une force majeure du football continental, capable de viser en France une quatrième couronne européenne après 1964, 2008 et 2012, ce qui serait un record absolu.
Son emblématique jeu de passes, le "toque", est toujours bien huilé. Ses meneurs techniques comme Iniesta ou David Silva ont l'air en forme et aucune blessure n'est à déplorer. L'équipe s'est même trouvé un avant-centre avec Alvaro Morata, pressenti pour être titulaire à un poste sinistré depuis plusieurs années.
Mais les fantômes rôdent toujours... Comme en 2014, deux clubs espagnols (Real Madrid et Atletico) ont disputé fin mai la finale de la Ligue des champions, entamant les forces vives de la sélection et écourtant sa préparation.
Et dans le onze aligné lundi, il pourrait y avoir jusqu'à sept titulaires de l'humiliant premier match perdu face aux Pays-Bas à la Coupe du monde 2014 (5-1), une gifle mémorable qu'il convient d'effacer.
- L'Espagne face à un mur -
Pour ce qui s'annonce peut-être comme son ultime compétition sur le banc espagnol, Del Bosque (65 ans) a assuré que son équipe était prête pour en découdre mais il a reconnu être "nerveux", comme avant chaque début de tournoi.
En préparation, l'Espagne a convaincu contre la Bosnie (3-1) et la Corée du Sud (6-1), avec un doublé de l'ailier Nolito à chaque fois, avant de chuter à domicile contre la modeste Géorgie et son bloc très compact (0-1).
Tel est le principal danger qui guette l'Espagne: que sa possession de la balle devienne stérile lorsqu'elle se heurte à un mur défensif. Et tel est précisément le portrait-robot de la République tchèque, robuste derrière et rapide en contre-attaque avec le meneur et capitaine Tomas Rosicky à la manœuvre.
Dans la cage, en outre, les Tchèques ne connaissent pas les tourments de leurs adversaires: le gardien d'Arsenal Petr Cech (34 ans) est indéboulonnable et souvent infranchissable, ce qui représente une difficulté supplémentaire pour les Espagnols.
Dans un groupe D très homogène avec la Turquie et la Croatie, la victoire est obligatoire pour confirmer le renouveau de la "Roja". Et la manière est indispensable pour chasser ses démons.