Rabiot, le retour qui est tombé à pic

La prise de risques de Didier Deschamps s'est avérée payante. Même si la dernière apparition sur un terrain du milieu de la Juventus Turin remontait au 20 mai, le sélectionneur ne voulait pour rien au monde se passer de l'un ses piliers pour les grands débuts des vice-champions du monde à l'Euro-2024 et le résultat lui a largement donné raison.  

Affaibli par une fatigue musculaire et des douleurs au mollet, qui l'avaient empêché de participer aux séances collectives à Clairefontaine et aux deux rencontres de préparation contre le Luxembourg (3-0) et le Canada (0-0), Rabiot aurait pu manquer de rythme. Mais, aux côtés de l'infatigable N'Golo Kanté, auteur d'une prestation majuscule, il a parfaitement tenu le choc sur le plan athlétique durant 71 minutes avant d'être remplacé par Eduardo Camavinga, validant les choix de Deschamps. 

"J'ai fait 70 très bonnes minutes, je n'ai pas eu de gêne à mon mollet. Physiquement, ça va. J'avais peut-être plus de fraicheur grâce à cette coupure", a expliqué mercredi le joueur de 29 ans (44 sélections, 4 buts).  

Son association avec Kanté a fait merveille alors que les deux joueurs n'avaient plus évolué ensemble depuis plus de deux ans. 

"Les consignes qu'on a, c'est de ne pas trop se projeter dans un premier temps, être plus dans la récupération pour alimenter les joueurs offensifs. Moi, j'aime me projeter donc j'ai pu le faire pendant le match. Mais le coach nous demande de rester assez en sécurité. Avec Kanté, les tâches étaient bien réparties, on a été efficaces à la récupération. On a fait un très bon match dans l'ensemble", a-t-il analysé.

Durant la longue éclipse de "NG", éloigné de l'équipe de France pour cause de blessure et d'exil en Arabie Saoudite (Al-Ittihad), Rabiot a pris du galon, devenant un homme de base de Deschamps, qui apprécie sa capacité à sécuriser le côté gauche, à jouer en avançant et sa touche technique. 

- Maturité -

Finies les bisbilles avec le sélectionneur. Le "Duc" avait notamment payé au prix fort des déclarations maladroites après une piètre production personnelle en Bulgarie en qualifications du Mondial-2018 (1-0, le 7 octobre 2017), se plaignant du froid et avouant sa peur de se blesser. Deschamps l'avait sanctionné en ne le retenant pas pour la phase finale de la Coupe du monde en Russie. 

Il avait ensuite aggravé son cas en refusant d'être placé sur une liste de réservistes et avait été écarté durant près de deux ans par le technicien. 

Mais Deschamps n'est pas rancunier. Rabiot a de surcroît gagné en maturité pour gommer son image d'élément ingérable grâce notamment à son départ en Italie en 2019. 

"Côtoyer des grands joueurs, faire partie d'une institution comme la Juve, ça fait grandir. Cela m'a fait beaucoup de bien", a-t-il expliqué.

De là à poursuivre l'aventure dans le Piémont encore quelques années? Alors qu'il arrive en fin de contrat et que son avenir reste flou, le Francilien affirme ne pas s'en préoccuper pour l'instant et n'être obnubilé que par l'Euro et les Bleus.

"Cela ne m'inquiète pas. Je suis concentré sur la compétition. J'ai mis ça de côté. Je parle avec mon agent mais c'est mis au second plan et je suis concentré pleinement sur l'équipe de France", a-t-il lancé. 

Même l'arrivée au poste d'entraîneur de la "Vieille Dame" de Thiago Motta, son ex-coéquipier au PSG, ne sera pas "déterminante dans (s)on choix".  

"C'est un super coach, il a fait de très bonnes chose en Italie depuis qu'il y est. On a joué plusieurs saisons ensemble. Mais (...) il a sa carrière à mener et moi la mienne", a-t-il ajouté.

Rabiot n'est pas dupe: il sait très bien qu'il ne manquera certainement pas de prétendants, surtout s'il continue de rayonner durant cet Euro.