Voss-Tecklenburg pour replacer l'Allemagne au sommet

A 54 ans, Martina Voss-Tecklenburg va vivre une première dans sa vie dédiée au football, d'abord sur le terrain puis sur le banc de touche: une finale d'un Championnat d'Europe dans son costume polo-blazer de sélectionneuse, qui plus est dans le "temple du football" à Wembley.

Quel chemin parcouru en un peu plus de trois ans...

Lorsqu'elle est nommée sélectionneuse de la Nationalmannschaft novembre 2018, l'Allemagne se trouve dans un inhabituel creux, tournant difficilement la page Sylvia Neid qui a maintenu sa sélection au sommet du foot mondial --or mondial en 2007, européen en 2009 et 2011 et olympique en 2016-- durant plus d'une décennie (2005-2016).

Quadruple championne d'Europe (1989, 1991, 1995, 1997) et finaliste de la Coupe du Monde en 1995 du temps de sa carrière de joueuse, elle était loin d'être une novice dans le métier d'entraîneure, puisque de 2012 à 2018 elle a dirigé la sélection suisse féminine, qu'elle a qualifié pour la première fois de son histoire pour un Mondial en 2015 au Canada.

"En tant qu'entraineure, je voulais de préférence tout faire, du début à la fin", expliquait "MVT" sur la façon dont elle envisageait son rôle, lors de sa prise de fonction, remplaçant l'intérimaire Horst Hrubesch après le court passage raté de Steffi Jones (2016-2018).

"Tous les éléments s'emboitent" 

Mais de ses débuts en Allemagne jusqu'à l'Euro-2022, sa vision du poste a nettement évolué vers plus de cogestion. Avec les joueuses, "il se construit une compréhension, plus de confiance. Tout cela permet d'avoir des performances plus constantes", souligne Voss-Tecklenburg, qui a mis en place son trio de capitaines Alexandra Popp, Svenja Huth et Sara Däbritz.

"Tous les éléments du système s'emboitent", souligne l'attaquante Laura Freigang, utilisant dans la langue de Goethe l'image des rouages d'une chaine de vélo avec le pignon.

Voss-Tecklenburg a pu s'installer sur la durée, malgré un Mondial-2019 en France terminé sur une nouvelle élimination prématurée en quarts de finale (comme à l'Euro-2017 avec Steffi Jones), synonyme d'élimination pour les Jeux de Tokyo, où les Allemandes n'ont pas pu défendre leur titre olympique.

La pandémie de Covid-19 et le report du Championnat d'Europe anglais lui a offert une année de plus pour approfondir cette relation avec ses joueuses.

 Prolongée jusqu'au Mondial-2027? 

Les prestations de l'Allemagne auraient pu être difficilement plus constantes à l'Euro-2022 en Angleterre, avec cinq victoires en autant de rencontres, un seul but encaissé contre la France en demi-finales et une finale d'un tournoi majeur, ce qui n'était plus arrivé depuis les JO-2016 de Rio, une éternité pour cette nation qui a dominé la planète foot chez les femmes dans les années 1990 et 2000.

Cette réussite à l'Euro-2022 a ouvert la voie à une prolongation de son contrat, qui arrivait à échéance en août 2023, à la fin du Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour lequel la qualification est une formalité.

"Ce serait à regret d'aller à une Coupe du Monde avec un contrat de la sélectionneuse qui arrive à expiration. C'est évident: nous allons proposer au comité exécutif de la fédération la recommandation sportive de prolonger le contrat de Martina", a expliqué Joti Chatzialexiou, directeur sportif des sélections allemandes auprès de la DFB, dans Sport-Bild.

Si la DFB prolonge habituellement les contrats de deux années, la perspective du Mondial-2027 --que l'Allemagne souhaite co-organiser avec les Pays-Bas et la Belgique-- pourrait modifier la donne, Voss-Tecklenburg expliquant: "Dans le staff, nous avons déjà une vision en direction de 2027."

Avant de penser à cela, elle ne voudra pour rien au monde passer à côté du rendez-vous de Wembley, où un neuvième sacre continental tend les bras aux Allemandes.