Evan Ndicka, l'ascension avec un grand A

"Evan est un top player. Il a un style à la Abidal. En plus de ça, il a un super état d'esprit." Cette semaine, Gelson Fernandes nous a dit le plus grand bien du Français Evan Ndicka, recruté par l'Eintracht Francfort à l'AJ Auxerre (L2) l'été dernier. Le défenseur de 19 ans, aligné dans une défense à trois, a disputé 21 matches cette saison pour 19 titularisations, dont 3 en Ligue Europa .
Une réelle ascension pour celui qui n'avait joué que 15 matches en professionnel avant de signer en Allemagne. "On sentait qu'il ne lui manquait pas grand chose, mais à Auxerre, il était un peu irrégulier dans ses performances , note pour 'Goal' Jérémy Spender, qui en avait fait son capitaine à l'AJA en 17 ans deuxième année. Chez nous, il était en train de stagner. Mais avec ce changement de club, il s'est remis en question."
À Francfort, Evan Ndicka a changé quelques habitudes. La rigueur allemande l'a amené à s'adapter rapidement. "Il sait que s'il ne travaille pas, il n'y arrivera pas" , souffle-t-on dans son entourage. Pour Jérémy Spender, son ancien protégé a appris de ses erreurs et "la satisfaction c'est de se dire que les erreurs qu'il a fait à 15, 16, 17 ans, il ne les fait plus aujourd'hui." Il se souvient : "Chergui, Kanouté, Sarr et Ndicka, je les appelais les quatre fantastiques. Evan avait les faiblesses de son âge et avec ses potes de promotion, il a fait quelques bêtises. Par exemple, une fois, il est sorti par une porte dérobée pour aller chercher des pizzas à 23h. Ce n'était pas dramatique, il était jeune, mais c'est vrai qu'il a fait quelques erreurs, sur les horaires et la diététique notamment."
"Il ne doit pas se fixer de limites"
Avec l'équipe première de l'AJ Auxerre, il est arrivé que Ndicka soit en retard à l'entraînement. Un problème qu'il a gommé immédiatement à son arrivée à Francfort. "Avant, il arrivait juste à l'heure. Aujourd'hui, il arrive 45 minutes voire 1h en avance. On voit son professionnalisme. Même dans son hygiène de vie. Il mangeait certains sandwiches, et maintenant ça l'écœure. Ce sont ces petits détails qui prouvent qu'il est en train de passer un cap" , confirme l'un de ses proches.
Evan Ndicka s'affirme petit à petit comme l'un des meilleurs espoirs français à son poste. Gaucher, capable de jouer dans l'axe comme sur le côté, le jeune défenseur pourrait suivre le chemin tracé par d'autres avant lui, comme Abdou Diallo , Moussa Niakhaté et Dayot Upamecano, partis en Allemagne et qui évoluent avec la sélection Espoirs. "En équipe de France, il a une grosse concurrence avec Zagadou, mais il a le potentiel pour. Il ne doit pas se fixer de limites" , répond Jérémy Spender. "Il n'a pas beaucoup joué latéral gauche à Auxerre , précise-t-il. Il a joué 90% de ses matches dans l'axe chez nous. Il n'a jamais fui ses responsabilités, et a toujours aimé les défis. Avec de la bouteille et de l'expérience, je pense même qu'il pourrait faire un bon milieu devant la défense avec sa qualité de relance."
Cette saison, il est le sixième joueur le plus utilisé par son coach, Adi Hütter. Avec son mètre 90, il s'affirme dans les duels, mais aussi par sa qualité de pied. Pour preuve, l'ancien Auxerrois a réussi plus de 80% de ses passes. Il a également débloqué son compteur buts le 30 septembre dernier en ouvrant le score d'une reprise du gauche contre Hanovre (4-1). "Quand on ne le connaît pas, on pourrait penser qu'il est nonchalant, parce qu'il est grand et longiligne, mais il s'adapte à l'environnement dans lequel il se trouve" , conclut Jérémy Spender. De belles promesses pour un joueur aux qualités certaines, qui ne demandait qu'à exploser.