Tirer Paris pour les demies, au lieu de Chambly ou Les Herbiers, deux équipes de National qui s'affrontent mardi soir, ne laisse déjà que peu de chance de voir le Stade de France.
Mais on peine vraiment à trouver des raisons de croire en un exploit des Normands sur leur pelouse de d'Ornano.
Dans la foulée de sa qualification contre Lyon (1-0) en quart, Caen avait battu Strasbourg (2-0) pour la 28ème journée.
Douzième avec 35 points à dix journées de la fin, le maintien semblait une formalité et, avec 6 longueurs de retard seulement sur Rennes (5ème), le club normand pouvait envisager, pourquoi pas, une fin de saison ambitieuse.
"Tout ce que je déteste"
Mais depuis, Caen a enchaîné 4 défaites en championnat, avec des contenus de matches indigestes et seulement un but marqué pour 10 encaissés. Une série aux conséquences limitées par les mauvaises performances des poursuivants, mais que n'a vraiment pas appréciée Patrice Garande.
"Je ne supporte pas ça, que tout d'un coup on arrête de faire les choses parce qu'on a 35 points et ça va le faire. Ça sous-entend on va le faire parce que les autres ne vont pas le faire. C'est le contraire du sportif de haut niveau, c'est le contraire d'un compétiteur, c'est tout ce que je déteste", avait-il encore tempêté déjà avant le match à Amiens. Sans résultat puisque Malherbe avait pris 3-0.
Entraîneur aux airs bourrus, parfois bougon, même si le sourire n'est jamais loin, capable de formules cinglantes, Garande n'a presque jamais fait l'unanimité à Caen.
Entraîneur exigeant, perfectionniste, à l'instar d'Antoine Kombouaré à Guingamp, il juge presque autant ses joueurs sur leur performance que sur leur attitude, tant la première découle, selon lui, de la seconde.
Son discours s'use-t-il ? On pourrait le penser. Et pourtant, après une saison à lutter pour un maintien obtenu miraculeusement dans le temps additionnel de la dernière journée... au Parc des Princes, Caen a connu une saison sans passion mais sans réelles craintes, dont rêveraient beaucoup d'équipes au budget modeste.
Souvent contesté par les supporters qui raillent sa phrase fétiche "j'ai vu de bonnes choses", qu'il sort quand il veut se montrer clément avec ses joueurs, le technicien a bénéficié jusqu'ici du soutien sans faille de sa direction.
"Voir une autre tronche"
Elle l'avait ainsi prolongé à la surprise générale à l'hiver 2014, alors que Caen, fraîchement promu, était bon dernier avec 15 points pris en 19 matches.
Conforté et réconforté, Garande avait payé cette confiance en retour avec 31 points pris entre la 21ème et la 38ème journée, 4ème bilan de L1 sur cette période.
Mais après six ans en poste et alors que des cadres tels que Rémy Vercoutre, Julien Féret et Damien Da Silva - les deux premiers ayant tout de même 37 et 35 ans - devraient quitter le club, la tentation de prendre des chemins séparés est réelle de part et d'autre.
"Certains ont envie de voir une autre tronche. Au bout d'un moment, on ne voit plus que les défauts, c'est humain", avait répondu le coach avec son franc-parler habituel à 'L’Équipe' au début du mois.
Lui-même reste volontairement vague. "Je ne me pose même pas la question de savoir si c'est mieux ailleurs ou de savoir si j'ai envie d'autre chose parce que déjà penser comme ça, quelque part, c'est déjà être parti", avait-il répondu aux auditeurs de 'France Bleu' au début de l'année.
Laisser le club en Ligue 1 et, qui sait, tenter l'exploit mercredi, voilà qui serait déjà un bien beau cadeau de départ, le cas échéant.