Il ne pensait peut-être pas que sa méthode aurait des résultats aussi fulgurants à trois ans d'accueillir la prochaine Coupe du Monde. Fèlix Sánchez Bas, sélectionneur du Qatar, vient de décrocher son premier sacre continental en battant le Japon (3-1) en finale de la Coupe d'Asie des Nations. Avec sept succès en autant de rencontres, son équipe a été un véritable rouleau compresseur dans tous les secteurs. Défensivement, le Qatar a fait preuve d'une solidité à toute épreuve en n'encaissant qu'un seul but, celui de la finale. Dans le secteur offensif, la satisfaction est tout aussi grande. Ali Almoez, auteur de neuf réalisations, dépasse l'illustre iranien, qui était jusque-là le meilleur buteur sur une compétition avec huit buts.
Un formateur né
À la fin de la rencontre, l'émotion était bien présente pour le technicien catalan. "Je n’ai pas de mots, on a battu une équipe très forte, on beaucoup défendu en seconde période. Ça été difficile, on a souffert. Je suis ravi pour toutes les personnes au Qatar, je suis très heureux." Le parcours de Fèlix Sánchez Bas a de quoi susciter la curiosité. Natif de Barcelone, il a été entraîneur à la Masia pendant dix ans, suivant de près les préceptes de Johan Cruyff concernant la formation et les aptitudes à transmettre aux jeunes joueurs des Blaugrana.
Il a ainsi vu passer Iniesta, Messi mais aussi Xavi, qui évolue au Qatar depuis 2015, du côté d'Al Sadd SC. "Je vais appeler Xavi oui, indiquait Fèlix Sánchez Bas avec le sourire à l'issue de la rencontre. C’est une super personne qui nous a beaucoup soutenu." Devenu assistant périodique de cette sélection, l'ancienne gloire des Blaugrana a notamment apporté des précieux conseils à l'équipe. "Il est d’une grande aide, affirmait-il récemment en conférence de presse. Il est footballeur 24 heures par jour. Il est avec nous chaque fois qu’il le peut car il est toujours avec Al Sadd. Pour nous c’est un privilège."
Le tournant s'effectue en 2006, quand il accepte à l'âge de 31 ans de prendre en main l'Aspire Academy, le centre de formation ultra-performant du Qatar qui vise à faire émerger des athlètes de haut niveau. Convaincus de son travail pendant sept ans, les dirigeants du football qatari lui font confiance pour prendre en main la sélection U19 en 2013. Avec sa méthode et sa capacité à être un éducateur capable de forger un collectif, Fèlix Sánchez Bas obtient des résultats convaincants et ne va cesser de franchir les étapes à vitesse grand V : les U20 en 2015, les Espoirs en 2017 et la même année la sélection principale.
Flexibilité tactique et bloc regroupé
Son travail commence à payer rapidement et en 2018, le Qatar devient une nation émergeante du football asiatique : seulement une défaite (face à l'Ouzbékistan) en huit rencontres. Le sacre continental décroché ce vendredi aux Émirats Arabes Unis n'était pas forcément attendu compte tenu des forces en présence (Corée du Sud, Japon, Iran, Australie) mais Fèlix Sánchez Bas a su faire l'unanimité au sein d'un groupe jeune (24 ans de moyenne d'âge), convaincu de pouvoir marquer les esprits à trois ans et dix mois d'un tout autre rendez-vous.
Tactiquement adepte d'une défense à quatre éléments, il n'a pas hésité à bousculer ses certitudes pour faire déjouer ses adversaires, à l'image de son 5-3-2 aligné en demi-finale contre le pays hôte (succès 4-0). Preuve de sa flexibilité au niveau de sa réflexion sur le jeu. Son Qatar version 2019 a su bien ressortir les ballons, défendre en bloc bas et miser sur le talent individuel. Un mélange de plusieurs philosophies même s'il reste imprégné de son expérience chez les Blaugrana. Les prochains chapitres s'annoncent tout aussi intéressants, à commencer par la prochaine Copa America au Brésil où le Qatar est invité.