L'art du contre-pied, il connaît, n'ayant pas son pareil pour dérouter l'adversaire par ses petits crochets et ses longues chevauchées.
Mais à trop être là où on ne vous attend pas, il arrive qu'on feinte aussi ses partenaires ou ses supporters.
C'est peu dire qu'"HBA" était attendu sur cette finale, dernier match à enjeu d'une saison rennaise pleine, très pleine, avec son épopée européenne et ce parcours sans faute en Coupe de France, jusqu'à la finale.
On l'imaginait volontiers avide de vengeance à l'égard d'un club qui aura mis sa carrière sur "pause" pendant plus d'un an.
Et il l'était, comme le montre son geste où, après avoir collecté sa médaille, il s'est approché de Nasser El-Khelaïfi pour embrasser ostensiblement la breloque sous son nez.
"Tout est remonté parce que c'était vraiment très compliqué. Et comme j'ai dit, dans la vie, par rapport au président du PSG, il ne faut jamais sous-estimer son adversaire: un jour il revient plus fort", a-t-il expliqué après le match.
On aurait quand même aimé le voir plus appliqué, plus déterminé au début du match.
Par exemple, sur cette passe hasardeuse et nonchalante dans l'axe du terrain interceptée par Colin Dagba, relayé par Angel Di Maria en une touche pour Neymar et le second but parisien (2-0, 22e).
Pendant qu'Hamari Traoré se faisait soigner pour un saignement sur l'action du but, Ben Arfa a longuement regardé ses chaussures, conscient de sa boulette et du fait qu'elle rappelle d'autres buts encaissés par Rennes, notamment face au Betis à l'aller en C3.
La fin de la première période a semblé un calvaire pour lui, qui a raté même des ouvertures faciles vers Ismaïla Sarr, par exemple.
- Vers une saison 2 ? -
Quels mots aura trouvés Julien Stephan à la pause pour le remettre dans le match? On ne le saura sans doute jamais, mais son deuxième acte, moins dans l'esbrouffe et plus dans l'efficacité, n'est pas pour rien dans la remontée rennaise à 2-2.
C'est lui qui a centré d'une balle piquée astucieuse et parfaitement dosée pour Sarr, sur l'action amenant le corner de l'égalisation de Mexer (2-2, 66e).
A la 110e, il s'en est fallu de peu que sa frappe du gauche le fasse entrer dans l'histoire du Stade rennais en lui offrant ce trophée qui le fuyait depuis 48 ans, mais elle a fui le cadre.
Sur son tir au but, le deuxième de la série, il a de nouveau été très appliqué, prenant à contre-pied Areola d'un tir bien franc.
Au bout du compte, sa rencontre aura ressemblé à sa saison, contrastée, difficile à évaluer, frustrante certainement à bien des égards, mais avec des éclairs qui font que, sans lui, Rennes n'aurait pas eu ce succès-là.
Ce titre aura une place à part dans sa carrière, a-t-il avoué en zone mixte.
"C'est énorme, c'est une joie exceptionnelle. Ça concrétise une belle saison riche en émotion et même moi, j'ai pleuré. Je ne pleure jamais d'habitude, j'ai gagné plein de titres, mais là j'ai pleuré parce que c'était trop fort", a-t-il raconté, désarmant de sincérité comme il peut l'être parfois.
Y aura-t-il une saison 2 pour Ben Arfa à Rennes?
La victoire au bout des tirs au but et la qualification européenne laissent un petit espoir aux Bretons de le convaincre... s'ils le souhaitent.
Son salaire important est un obstacle de taille, mais il est possible que sa prochaine saison soit plus régulière que celle-ci, car il sera d'emblée dans le rythme et doté d'automatismes avec ses coéquipiers.
"C'était déjà une chance pour tous les supporters rennais d'avoir Hatem dans le club", avait estimé le président Olivier Létang dans un entretien au Télégramme cette semaine. Eux voudraient bien avoir la chance d'apprécier encore ses inspirations.