"C'est très calme, très propre, il n'y a pas de criminalité", déclare cet ancien attaquant norvégien dans un entretien à l'AFP à Tokyo, en marge de la Coupe d'Asie de l'Est, tournoi biennal se déroulant cette année au Japon.
"Je vis dans un hôtel à Pyongyang, dans une grande suite avec ma femme. Je vis là-bas comme je vis en Europe" ajoute M. Andersen, 54 ans, cheveux blonds et regard bleu acier, en tenue sportive et décontractée.
Selon lui, "beaucoup de choses négatives" concernant le pays viennent de l'extérieur et sont en décalage avec la vie réelle à Pyongyang, où il a pris ses fonctions en mai 2016, devenant le premier entraîneur étranger du pays depuis plus d'un quart de siècle.
Il avait trouvé "un peu particulier" de se voir proposer de venir en Corée du Nord, concède-t-il toutefois. "Mais maintenant je suis très content de mon choix", affirme-t-il.
Joueurs 'jamais fatigués'
"Mes joueurs sont sympas, ce sont de grands bosseurs et ils sont toujours motivés de venir à l'entraînement. En Europe j'ai parfois fait l'expérience de joueurs me disant : 'Coach, je suis crevé, je veux pas bosser aujourd'hui !'", raconte celui qui avait précédemment entraîné le club autrichien de Salzbourg en 2015.
"Ici mes joueurs ne sont jamais fatigués. Ils veulent toujours faire leur boulot et apprendre de nouvelles choses".
La Corée du Nord n'a toutefois guère brillé en Coupe d'Asie de l'Est cette année, avec deux défaites successives contre le Japon, puis contre la Corée du Sud (1-0 à chaque fois). Pour tenter de sauver l'honneur, il lui reste un match samedi contre la Chine.
Mais si la Corée du Nord ne fait pas vraiment peur sur un terrain de foot, il en va tout autrement de ses programmes nucléaire et balistique, dont les essais se sont multipliés cette année, au grand dam de la communauté internationale, faisant craindre un conflit armé, notamment avec les États-Unis.
"Je ne veux pas trop parler de cela parce que mon travail est celui d'un entraîneur de foot. Mais je crois que le sport peut aider à construire des ponts entre les pays", devise Andersen avec diplomatie.
Le régime semble investir dans le sport, selon lui. Ses joueurs disposent d'un grand centre d'entraînement à Pyongyang, où ils vivent également, raconte-t-il.
"Je m'entraîne avec eux tous les jours, deux fois par jour, comme dans un club. Les week-ends ils retournent dans leurs clubs pour jouer des matchs. Je pense que c'est le seul pays au monde où vous pouvez travailler comme ça avec une équipe nationale".
Au Qatar en 2022?
Andersen, qui a passé l'essentiel de sa carrière de joueur en Bundesliga et qui possède la nationalité allemande, admet que tout n'est pas facile: "Le plus difficile c'est que je suis seul ici. Je n'ai pas d'entraîneur assistant, personne avec qui je peux discuter".
"Ensuite, ce sont des Coréens, et moi je suis un Européen - donc ce n'est pas toujours la même façon de penser. Mais je m'y suis plus habitué maintenant. Je dois les écouter davantage et pas seulement prendre les décisions moi-même", explique-t-il.
Le chef du régime Kim Jong-Un ne lui a pas encore prodigué de conseils, confie Andersen, alors que ses prédécesseurs vantaient la façon dont les leaders du pays insufflaient leur "génie tactique" à l'équipe nationale.
En foot, le plus haut fait d'armes de la Corée du Nord est d'avoir atteint les quarts de finale à la Coupe du monde 1966 en Angleterre, avant de retomber dans l'ombre. Le pays est réapparu au Mondial 2010 en Afrique du Sud, mais a été éliminé dès le premier tour.
Les Nord-Coréens n'iront pas au Mondial en Russie, mais "il est fortement possible qu'ils se qualifient pour le Qatar en 2022", pronostique Andersen.
Il se concentre pour l'heure sur la qualification pour la prochaine Coupe d'Asie en 2019, après laquelle son contrat initial doit se terminer. "Mais on peut voir que l'équipe a fait de grands progrès", ajoute-t-il, se disant confiant pour la suite.