La Bundesliga n'en est pas à un paradoxe près : A Dortmund, Lucien Favre a laissé fondre une avance de neuf points en tête du classement, mais ses dirigeants ont les yeux de Chimène pour le Suisse et comptent sur lui pour bâtir l'avenir.
A Munich, l'entraîneur est aux portes d'un doublé que ni Ancelotti ni Jupp Heynckes n'ont réussi ces deux dernières saisons, mais il est menacé. Pourquoi ?
"Il ne s'agit pas tant du présent, mais bien plutôt de l'avenir", décrypte le grand quotidien populaire 'Bild', le plus lu d'Allemagne.
Le Bayern, depuis quelques années, est un peu dans la situation du Paris SG en France. Gagner des titres nationaux est le minimum requis. Le véritable mètre-étalon est la Ligue des champions, qui échappe aux Bavarois depuis 2013.
Eliminé par Klopp
Pour les patrons du Bayern Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness, une seule question importe vraiment: Kovac est-il l'homme idoine pour mener au triomphe européen l'équipe la plus chère jamais assemblée par le "Rekordmeister", qui vient de débourser 80 millions pour le seul Lucas Hernandez, et promet d'autres annonces spectaculaires pour l'été.
"S'ils répondent NON à cette question, pronostique 'Bild', alors même en cas de doublé ils devront dire : "Merci, et au revoir" à Kovac.
Lui-même ancien joueur du Bayern, recruté alors qu'il entraînait l'Eintracht Francfort, Kovac est arrivé sans aucune expérience de la Ligue des champions, et avec pour tout palmarès une coupe d'Allemagne.
Sa gestion des stars et de leurs égos a d'abord été difficile. Après avoir imposé une rotation systématique en début de saison, il a changé d'avis après la crise de l'automne. Sous la pression des cadors du vestiaire. Octobre/novembre a marqué pour lui le creux absolu de la vague : les contre-performances se sont accumulées et, pendant quelques jours, son poste n'a tenu qu'à un fil.
Il a redressé la situation en Bundesliga mais, en mars, l'élimination en 8e de finale de la Ligue des champions contre le Liverpool de Klopp, adulé en Allemagne, a ravivé les critiques. La sévère défaite 3-1 à domicile au retour a montré toutes les limites de son équipe. Et sans doute aussi les siennes.
Lopetegui ou Pochettino
La semaine dernière, le journal sportif espagnol 'Mundo Deportivo' a fait état d'une rencontre en octobre entre le directeur sportif du Bayern Hasan Salihamidzic et l'ex-entraîneur du Real Julen Lopetegui. De là à dire que le Bayern prépare l'avenir...
D'autres médias colportent le nom de Mauricio Pochettino ou du Néerlandais Mark van Bommel.
Rummenigge lui-même a emballé la machine à rumeurs en déclarant que Kovac n'avait "aucun job garanti la saison prochaine". Et vendredi, à 24 heures du match décisif de la Bundesliga, il s'est retrouvé obligé de démentir des informations de presse affirmant que la décision de limoger Kovac était déjà prise, quelle que soit l'issue de la saison.
"Ces spéculations sont des à-côtés qui ne m'intéressent absolument pas, je sais que nous sommes là pour gagner des titres, et ce qui arrive arrive", a lâché le Croate juste avant le match contre Francfort.
Etrangement, les consultants les plus influents en Allemagne, comme Matthias Sammer ou Lothar Matthäus, sont les seuls à le défendre: "Il a tiré le maximum de l'équipe", estime ainsi Matthäus, soulignant que Kovac avait débarqué en année de transition, et été obligé de gérer le délicat passage de témoin entre la génération dorée des Müller, Ribéry, Boateng et Hummels et celle de leurs successeurs encore très jeunes, Gnabry, Coman ou autre Süle.