A Lorient, une victoire et ça repart ?

Mercredi, le coeur des supporters lorientais s'est arrêté de battre un instant à la 62e, quand l'arbitre a sorti un carton rouge pour le latéral gauche Yohann Etienne, joueur de la réserve propulsé pour la première fois en Ligue 1 pour pallier les absences dues au Covid.
Menés 2-1 à la pause, les Merlus venaient d'égaliser mais savaient la victoire impérative sous peine de poser déjà un pied en Ligue 2. Heureusement, après intervention du VAR, le rouge est passé au jaune. "Le tournant du match", pour Christophe Pélissier.
Repartis de plus belle, les Lorientais ont poussé jusqu'à la 96e minute et ce coup franc d'Enzo Le Fée, dévié de la tête par Andreaw Gravillon, qu'Anthony Racioppi a capté... et déposé derrière sa ligne de but.
"On reste en vie", s'est réjoui Pélissier, le "sorcier" qui a toujours su faire monter ses équipes mais aussi les maintenir. Alors que son président Loïc Féry répète depuis des semaines qu'il reste l'homme de la situation, il a vu ses joueurs survoltés se précipiter vers lui pour célébrer autour de lui cette précieuse victoire.
"On considérait ce match comme une finale. Gagner comme ça, cela nous soulève", a témoigné Gravillon. "Après la première mi-temps, le coach nous a remonté le moral, il a eu des mots très, très forts, très émouvants. On est revenus avec la rage".
Un temps distancé, Lorient a donc recollé au peloton de queue, à égalité de points avec Dijon et Nîmes, à trois longueurs de Nantes et quatre de Saint-Etienne, et avec un match en retard contre Nîmes à disputer fin février.
Après le rouleau compresseur parisien, les semaines à venir s'annoncent délicates, avec un total de 9 matches en un mois et beaucoup d'interrogations sur la réaction des organismes potentiellement affaiblis par le Covid-19, qui a touché 14 joueurs professionnels en janvier.
Pélissier compte donc surtout sur les ressources mentales d'un groupe qu'il décrit comme "uni et soudé" dans l'adversité et voudrait faire de la victoire contre Dijon "un acte fondateur".
"Athlétiquement, on savait qu'on ne serait pas à 100%, mais qu'on serait là mentalement (...). Les équipes qui seront performantes en seconde partie de saison, ce sont celles qui mentalement seront les plus fortes, les plus soudées".
Dans cette bataille, les Merlus peuvent s'appuyer sur une attaque dense et performante, actuellement portée par le Nigérian Terem Moffi, qui vient d'inscrire quatre buts en quatre matches.
Lorient pêche en revanche lourdement en défense avec une moyenne de deux buts encaissés par match cette saison, montée à trois buts par match ce mois-ci. "On a tout essayé. La défense à cinq, le changement de joueurs...", soupirait Pélissier après la défaite 5-2 contre Monaco début janvier.
Le club cherche activement un défenseur central avant lundi soir, mais si plusieurs noms ont circulé dans la presse, rien n'est encore fait. "C'est très compliqué mais j'ai bon espoir", expliquait Loïc Féry la semaine dernière à la presse locale.
Il faut dire que le fiasco de Mediapro et l'absence de billetterie grèvent considérablement le budget du club. Selon Féry, Lorient accusera environ 25 millions d'euros de pertes cette saison, soit 57% des revenus attendus hors transferts, dont 20 millions liées à l'évaporation des droits télé.
Dans ce contexte, le maintien pourrait devenir une question de survie: "Les enjeux actuels vont bien au-delà, mais l'équation économique sera évidemment moins difficile à résoudre en Ligue 1", a expliqué Féry.