Entre défense et relance, la révélation Warmed Omari à Rennes

Depuis que les Rémois ont retrouvé l'élite en 2018, Rennes n'a jamais réussi à les battre (3 nuls, 4 défaites). En septembre, l'entraîneur Bruno Genesio avait même fait part de sa "honte" après la défaite de ses hommes 2-0 au Roazhon Park.
Ce jour-là, Warmed Omari, 21 ans, fêtait sa première titularisation. En retard sur Hugo Ekitike, passif devant N'Dri Philippe Koffi, il avait laissé les deux jeunes Rémois marquer leur premier but en professionnel.
Issu du centre de formation rennais, il ne comptait alors que deux apparitions en pro: 5 minutes contre Brest en août et une mi-temps à Angers, alors que Rennes était déjà mené 2-0 et jouait à 10 après l'exclusion de Loïc Badé.
Mais les débuts poussifs de l'ex-Lensois, le défenseur le plus cher de l'histoire de Rennes avec un transfert estimé à plus de 17 millions d'euros, ont laissé le temps à Omari d'étaler sa palette.
Tout en technique et en calme apparent, il se montre très rapide, solide dans les duels malgré son physique plutôt fin, intelligent dans son placement et surtout expert dans les relances.
"Il a une qualité technique incroyable, il casse des lignes avec ses passes", saluait Benjamin Bourigeaud cet hiver. "En plus, il est assez dur dans les duels. Il nous fait beaucoup de bien malgré son jeune âge".
L'affaire est entendue: depuis l'automne, il enchaîne les matches. Et alors que Rennes ne lui avait proposé qu'un an de contrat en 2020, il s'est payé le luxe de prolonger deux fois l'an dernier. D'abord de 2 ans en avril, puis encore de 2 ans en décembre, jusqu'en 2026.
Pour Genesio, Omari forme avec Nayef Aguerd "l'une des meilleures charnières du Championnat". Le second apporte sa "maturité", le premier son "écoute", et tous deux partagent "la vitesse, le jeu aérien, l'intelligence dans la lecture du jeu, la qualité technique pour ressortir les ballons".
Mais même s'il est capable de gestes de classe dans les pieds de Lionel Messi ou de Kylian Mbappé, Omari a connu quelques errements inquiétants sur des actions apparemment anodines. Derrière la décontraction, la nonchalance guette.
"C'est difficile pour un très jeune joueur d'avoir un niveau très élevé toute la saison", fait valoir Genesio. "Il doit encore s'améliorer dans la concentration".
A Reims, l'entraîneur réclamera "une attention de tous les instants" à ses arrières, susceptibles d'être peu sollicités: la flamboyante attaque rennaise se prépare à partir à l'assaut d'un bloc rémois bien en place, et la défense n'aura pas le droit à l'erreur sur les contre-attaques si Rennes veut rester sur le podium.
Pour cela, Omari peut désormais se prévaloir aussi de son expérience en équipe de France Espoirs. Né à Mayotte dans une famille d'origine comorienne, arrivé enfant en Bretagne, il avait refusé l'invitation de la sélection des Comores avant la Coupe d'Afrique des Nations.
En mars, il a finalement fait ses débuts internationaux avec les Bleuets, titulaire dès le premier match contre les Iles Feroé (2-0).
"Son niveau de performance parle de lui-même", a expliqué le sélectionneur Sylvain Ripoll. "Il est très régulier, très appliqué, avec des qualités de premier relanceur indéniables. Ça m'est apparu presque comme une évidence".
D'autant qu'il y a retrouvé un fort contingent d'anciens du centre de formation rennais: Eduardo Camavinga, Sofiane Diop, Georginio Rutter ou encore son coéquipier Adrien Truffert, qui avait connu la même ascension fulgurante l'an dernier.