En perdition en championnat, les Nantais n'ont plus vraiment de capitaine. Au fur et à mesure des contre-performances, le brassard d'Abdoulaye Touré est allé à Nicolas Pallois, puis Andrei Girotto. Et dimanche pour le derby à Rennes, c'est Lafont, 22 ans et sur le départ, qui l'avait au bras.
Dans une équipe qui perd vite les pédales cette saison, il n'a pas toujours été irréprochable, mais il n'a jamais cessé de pousser ses coéquipiers et ses interventions ont souvent empêché Nantes de sombrer complètement.
Même si Christian Gourcuff avait prévenu la saison dernière que les nombreuses parades de Lafont témoignaient d'une fragilité défensive générale: "Quand un gardien fait autant d'arrêts décisifs, ce n'est jamais bon..."
Malgré son jeune âge, Lafont a déjà de l'expérience, avec plus de 200 matches en professionnel à son actif, presque toujours pour jouer le maintien. Né Ouagadougou d'un couple franco-burkinabé, formé à Toulouse, il a fait ses débuts professionnels et s'est imposé comme gardien N.1 dans la Ville rose dès l'âge de 16 ans et 10 mois.
- Décisif avec les Bleuets -
Pendant trois saisons, il a bien connu les affres du bas de tableau, avec un sauvetage in extremis en 2016 et un passage par les barrages en 2018, une expérience qui apparaîtrait désormais comme un moindre mal pour les Canaris (19e), qui flirtent depuis février avec la relégation directe.
Transféré pour un montant évalué à plus de 8,5 millions d'euros à la Fiorentina, il passe une saison à lutter pour le maintien en Serie A avant de revenir en prêt pour deux ans à Nantes.
Là, il prend peu à peu de l'envergure, en club et en sélection: retenu dans toutes les catégories de jeunes de l'équipe de France depuis les U16, il a été décisif lors la phase de groupes de l'Euro Espoirs en mars.
Alors que les Bleuets étaient dos au mur après une première défaite, il a sorti un arrêt essentiel en un contre un à la 4e minute contre la Russie lors du deuxième match, laissant la voie libre à la victoire 2-0 puis à la qualification pour la phase finale, qui sera disputée du 31 mai au 6 juin.
Avec un seul but encaissé en trois matches, il s'est montré très solide, parlant beaucoup pour diriger sa défense, en patron. Et le staff s'est dit très satisfait de ce joueur impliqué et à l'écoute.
- "Jouer le titre" -
De quoi rêver aussi aux jeux Olympiques ? C'est possible, mais il devra compter sur la concurrence des qualifiés de 2020, autorisés à revenir pour Tokyo même s'ils ont dépassé l'âge, comme Paul Bernardoni et Gautier Larsonneur.
De quoi surtout générer de nouvelles ambitions pour la saison prochaine. Jouer le maintien, c'est formateur, "mais jouer le titre permet aussi d'apprendre vite", a-t-il déclaré fin mars à Ouest-France.
Et Alban Lafont vise aussi l'Europe: "Jouer la Ligue Europa et la Ligue des champions est magnifique. Cela permet de se confronter aux meilleurs donc ça doit faire partie de ma progression".
Or, Nantes et la Fiorentina, actuellement 15e de Serie A, ne seront pas européens la saison prochaine. Et très probablement pas dans la course au titre non plus.
Le prêt du jeune gardien était assorti pour Nantes d'une option d'achat estimée par la presse à 7 millions d'euros, que Waldemar Kita a encore quelques semaines pour activer.
Difficile d'imaginer le président nantais aux abois débourser cette somme, à moins qu'il soit sûr de revendre son gardien plus cher cet été. Selon plusieurs médias, des clubs du haut de tableau de Ligue 1 sont intéressés.