"L'ASSE regrette d'en être arrivée à cette décision, rendue inéluctable par l'attitude du joueur qui portait atteinte à l'institution", a écrit le club dans un communiqué au sujet du portier international français (34 ans, 3 sélections) arrivé à l'ASSE à l'été 2011, soit quasiment dix ans de présence.
"À compter de ce jour Stéphane Ruffier, qui a dû recevoir la notification de la décision, ne fait plus partie de l'effectif du club", a déclaré à l'AFP l'avocat des Verts, Me Olivier Martin.
"Il a été mis fin de façon anticipée pour faute grave à son contrat à durée déterminée", a précisé le conseil de l'ASSE alors que celui de Ruffier, Me Dorothée Bisaccia-Bernstein, n'était pas joignable dans l'immédiat.
De son côté, le manager général Claude Puel ne s'est pas étendu sur le sujet en conférence de presse.
"C'est une situation que nous avons pu déplorer mais qui entre dans une certaine logique. C'est important pour le groupe qu'il n'y ait pas de choses qui puissent perturber les joueurs", a-t-il toutefois convenu.
Epilogue
Ce départ est l'épilogue d'une longue période de tension, qui avait débuté le 21 février quand Puel avait annoncé vouloir ménager Ruffier, en baisse de régime au début de l'année 2020, au profit de sa doublure habituelle Jessy Moulin, pour le match de championnat de France entre Saint-Etienne et Reims (1-1), disputé le 23 février.
Cette décision avait provoqué la colère de son agent, Patrick Glanz, qui s'en était alors pris très durement au technicien, estimant que ce dernier "avait craché sur une légende". En réponse, la direction du club avait attaqué M. Glanz en justice.
Stéphane Ruffier est, à ce jour, le gardien de but qui a le plus joué avec les Verts en Ligue 1 (383 matches), devant le mythique Ivan Curkovic. Il a clairement contribué à la renaissance des Verts qui ont participé plusieurs fois depuis 2011 à la Ligue Europa et gagné la Coupe de la Ligue en 2013, premier trophée du club depuis 1981, date du dernier de ses dix titres de champion de France.
Après la mise à l'écart de Ruffier, le confinement décrété en raison de la pandémie de Covid-19 et l'arrêt du championnat n'ont ensuite pas apaisé les tensions entre les deux parties, qui ont culminé avec les mises à pied du joueur à deux reprises, en juillet puis en novembre.
Mais le départ du gardien de but devrait cette fois soulager l'atmosphère et, peut-être, faire baisser la pression autour de Jessy Moulin, parfois en difficulté sur certains matches.
"Acte d'insubordination"
Cette saison, Claude Puel avait annoncé que Ruffier ne serait pas intégré dans le trio de gardiens de l'effectif professionnel, composé de Moulin, Stefan Bagic et Étienne Green, un choix qu'il a confirmé le 16 octobre, le manager général du club affirmant que le Basque lui aurait fait part de son refus d'être la doublure de Moulin, nommé gardien numéro 1.
L'intéressé, qui bénéficiait de l'un des salaires les plus importants de l'ASSE (2,8 millions d'euros annuels environ) avait par la suite démenti, soutenant, par l'intermédiaire de son avocate, qu'on ne lui avait jamais proposé le rôle de numéro 2.
Fin juillet, le portier stéphanois, arrivé dans le Forez en 2011 en provenance de Monaco pour remplacer Jérémie Janot, avait été mis à pied une première fois pendant six jours pour "acte d'insubordination", un retard à l'entraînement qu'il avait contesté, puis le 19 novembre pour avoir quitté prématurément une séance d'entraînement individuelle.
Convoqué le 2 décembre pour un entretien préalable à une éventuelle sanction, les réunions de conciliation qui ont suivi n'ont pas abouti.
Le départ du gardien va aussi soulager la masse salariale de l'effectif et pourrait contribuer à faciliter des opérations d'ajustement du mercato hivernal, en attendant une probable procédure aux Prud'hommes.