"La Fédération s'est éloignée de la réalité des clubs", estime Pierre Samsonoff

Q: Pourquoi vous présentez-vous à cette élection ?

R: "Ma candidature est le fruit d'un travail entamé il y a quelques mois avec des dirigeants du football amateur et professionnel. Il a abouti à un projet pour le football, puis à un projet politique pour l'élection fédérale. Au-delà d’être utile au débat, notre idée est de rapprocher la fédération des clubs, d’être plus décentralisés, et de mieux comprendre les problématiques sur le terrain."

Q: On vous dit proche de Noël Le Graët, l'ancien président de la FFF... 

R: "J’ai travaillé avec Noël Le Graët à la Fédération et appris beaucoup à ses côtés. Nous avons eu des désaccords, mais notre relation est restée respectueuse. Aujourd’hui, je garde une bonne relation avec lui, tout en continuant à défendre mes idées et à œuvrer pour un football plus proche des clubs."

Q: Quel est votre projet pour la FFF ?

R: "Je me refuse à parler d’une liste d’opposition portant mon projet, mais d’une liste de propositions. Nous voulons une fédération au service des clubs, particulièrement des clubs amateurs, mais aussi des clubs professionnels. Notre constat est que la Fédération s'est éloignée de la réalité des clubs. Il est important d’impliquer davantage les clubs dans la création des règlements et des décisions qui les concernent. Notre objectif est de rendre leur travail plus facile, en réduisant les lourdeurs administratives et en réintégrant le bénévolat dans un cadre plus motivant. Nous voulons aussi une Fédération qui s’appuie sur les spécificités de chaque territoire pour adapter les aides financières, pas pour les appliquer de manière uniforme. Il faut pour cela décentraliser la prise de décision, car la Fédération fonctionne de manière trop centralisée. Nous souhaitons enfin promouvoir les valeurs républicaines, notamment pour lutter plus activement contre les violences et les discriminations."

Q: Que comptez-vous faire pour le football professionnel en pleine crise?

R: "Le football professionnel traverse une crise économique. Il est dans l’intérêt du football amateur d’aider le football professionnel à sortir de cette situation difficile. Pour cela, la fédération doit jouer un rôle de partenaire et de garant, en soutenant les clubs professionnels en difficulté tout en garantissant la bonne application des règles que ce soit sur l'arbitrage, sur la manière de fonctionner des instances pour restaurer la confiance que tous les acteurs doivent avoir dans le système."

Q: La FFF a renouvelé son contrat de sponsoring avec Nike, qui va lui rapporter plus de 100 millions d'euros par an. Comment utiliseriez-vous l'argent si vous étiez élu ?

R: "Nous mettrions l’accent sur des aides renforcées pour les clubs amateurs, en particulier pour l’emploi associatif, qui a diminué ces dernières années. La Fédération doit également être capable d’intervenir rapidement en cas de crise, par exemple, lorsqu’un terrain est endommagé. De nouvelles aides spécifiques, comme des aides d’urgence, doivent être mises en place pour soutenir les clubs en difficulté. Il est important également de soutenir le développement du football féminin, à la fois au niveau de la pratique de base et pour les clubs professionnels. Nous devons aussi aider les clubs des divisions inférieures (National 2, National 3) à se structurer économiquement."

Q: Que pensez-vous des critiques qui s'abattent sur l'équipe de France et Didier Deschamps depuis plusieurs mois ?

R: "S’interroger sur les résultats de l’équipe de France lorsqu’elle sort d’une demi-finale de l’Euro, cela montre une superbe évolution du football français. Je me souviens de périodes où on ne se qualifiait pas pour les Coupes du monde. Le cas de Didier Deschamps n’est donc absolument pas un sujet, il l’est encore moins lors d’une campagne pour une élection. Ce n’est pas correct. Par contre, je veux faire la lumière sur la manière dont la Fédération se comporte avec tous les sélectionneurs des équipes de France: qu’est-ce qui est commun à tout le monde ? Spécifique à chacun ? Je trouve que cela est flou à l’heure actuelle."