La J-League, dont la nouvelle saison commence vendredi, a parcouru un long chemin depuis ses débuts en 1993 dans un flamboiement de lumières clignotantes, de guitares rock et de feux d'artifice au stade national de Tokyo.
Alors qu'il comptait dix équipes pour sa première saison, le Championnat japonais en recense aujourd'hui 60, réparties dans trois divisions.
"La culture du football a pris racine au Japon", résume le président de la J-League, Yoshikazu Nonomura.
"Lorsque la ligue a débuté, je pense que beaucoup de gens la considéraient comme un simple divertissement tape-à-l'œil. Maintenant, 30 ans ont passé et je pense que nous nous rapprochons de la véritable J-League que nous visions", se félicite-t-il.
Le recrutement de grands noms tels que Zico, Gary Lineker, Toto Schillaci ou Dragan Stojkovic a fait connaître le nouveau championnat, alors que des joueurs locaux comme Kazuyoshi Miura, Takuya Takagi, Hiroshi Nanami ou Masami Ihara sont devenus des vedettes nationales.
L'amélioration du niveau a également profité aux "Blue Samourai", qui n'avaient jamais disputé une Coupe du monde à l'époque et n'ont plus manqué une édition depuis leur première apparition en 1998.
Un eldorado européen pernicieux
Ils ont également été sacrés champions d'Asie à quatre reprises, un record.
La J-League est considérée en Chine comme un modèle à suivre: elle forme des joueurs locaux de bon niveau, qui viennent ensuite enrichir la sélection, et possède des clubs généralement sains financièrement.
"Nous sommes devenus professionnels. Avec cela, la conscience, la motivation et la qualité des joueurs ont augmenté", a déclaré à l'AFP Kengo Nakamura. L'ancien milieu aux 68 sélections, présent lors du Mondial-2010, estime que le championnat japonais à servi de "base" à l'amélioration des performances de la sélection.
Les clubs européens se sont intéressés aux joueurs japonais et ont attiré plusieurs stars nippones comme Hidetoshi Nakata, Shunsuke Nakamura et Shinji Kagawa.
Cette tendance s'est accéléré récemment: ainsi seuls sept Japonaient représentaient la J-League au Qatar. Au risque, d'affaiblir le championnat national.
"Personnellement, j'aimerais voir plus de joueurs de la J-League dans l'équipe nationale. Cela susciterait l'intérêt des gens", souligne Nakamura, qui a joué près de 700 matches pour Kawasaki Frontale.
Le club a remporté quatre des six derniers championnats, mais depuis 2021 il a vu partir cinq internationaux japonais, dont l'ailier de Brighton Kaoru Mitoma, qui enchante la Premier League.
Le chant du cygne d'Iniesta
Nakamura pense qu'il sera difficile d'empêcher les joueurs de rejoindre l'Europe et estime que la tendance "pourrait même s'accélérer" dans les années à venir.
D'où la nécessité selon lui que les clubs de J-League récupèrent une indemnité de transfert "afin de pouvoir produire le prochain Mitoma".
En effet, "il y a encore des cas où des joueurs terminent leur contrat et partent en Europe sans que le club n'obtienne quoi que ce soit pour eux, ce qui est très dommageable", constate Nakamura.
Le championnat attire toujours un petit nombre de noms connus, même s'il s'agit de joueurs en fin de carrière.
Les anciens champions du monde Andres Iniesta, Fernando Torres, David Villa et Lukas Podolski ont tous joué au Japon ces dernières années.
A 38 ans, Iniesta s'apprête à disputer sa sixième saison avec le Vissel Kobe.
L'ex-défenseur Tomoaki Makino, qui a joué avec Iniesta à Kobe la saison dernière avant de prendre sa retraite, estime que le championnat a besoin de ces grands noms parce qu'ils augmentent la qualité générale.
"Cela met également une bonne pression sur l'ensemble du club, par exemple en ce qui concerne les installations médicales, les sponsors et le recrutement", observe-t-il.
Nakamura avait 13 ans lorsqu'il a vu la première rencontre de la J-League à la télévision, un moment dont il se souvient très bien.
"Ce match m'a donné envie de jouer dans la J-League. Je pense que beaucoup d'autres enfants ont fait ce rêve. D'une certaine manière, c'est un moment qui a changé ma vie".