Il est rarissime de voir l'Ajax Amsterdam, souvent vainqueur sans forcer de ses matchs de championnat, en pleine crise sportive au point que les supporters décident de montrer leur colère d'une telle manière.
Face au champion en titre Feyenoord dimanche, les joueurs néerlandais ont complètement sombré en encaissant trois buts en première période par Gimenez (9e, 18e) et Igor Paixao (37e).
L'humiliation subie à domicile a complètement déplu au public de la Johan Cruyff Arena. Plusieurs spectateurs ont alors jeté des fumigènes sur la pelouse, ce qui a forcé l'interruption de la rencontre pendant environ 20 minutes.
Les deux formations ont finalement pu faire leur retour sur la pelouse et reprendre le match, qui a finalement été de nouvau arrêté, cette fois-ci définitivement, après un nouveau lancer de fumigènes.
Des incidents ont ensuite éclaté en dehors du stade, forçant la police anti-émeutes à intervenir avec une brigade à cheval et des auto-pompes. La porte d'entrée principale du stade Johan-Cruyff a été saccagée, selon la police.
"Cela n'a rien à voir avec le football. Vous jouez avec la sécurité des joueurs, des autres supporters et de vous-mêmes. Honte à vous", a indiqué sur X (ex-Twitter) la ministre de la Justice, Dilan Yesilgoz-Zegerius.
"Pas digne de l'Ajax"
L'Ajax, tenu en échec jeudi soir à domicile (3-3) par l'Olympique de Marseille en Europa League, traverse actuellement une des pires crises sportives de ses 123 années d'existence.
Avant le match, le club le plus titré des Pays-Bas ne comptait que cinq points après quatre rencontres et occupait la 13e place, tandis que le champion en titre, le Feyenoord, en possédait 11 après cinq matches et figurait à la quatrième place du classement dominé par le PSV.
Le club d'Amsterdam connaît également des problèmes en dehors du terrain, le directeur technique Sven Mislintat faisant l'objet d'une enquête pour conflit d'intérêts sur un transfert récent.
"Ce n'est pas un comportement digne de l'Ajax", a commenté le club dans un communiqué diffusé dans la soirée.
De son côté, l'Association des supporters de l'Ajax, dans un message intitulé "Le club est en flammes", a souligné qu'avec ces violences, "la crise du club touchait le fond".
Le football néerlandais est régulièrement confronté à des problèmes de violence entre supporters, notamment lors de ce "Klassieker" entre les deux clubs majeurs de la compétition. La saison dernière, le milieu de terrain de l'Ajax, Davy Klaassen, avait été blessé à la tête par un briquet lancé depuis les tribunes par un supporter de Feyenoord.
Modèle anglais
D'autres matches de championnat impliquant le FC Utrecht, le FC Twente, les Go Ahead Eagles ou encore le RKC Waalwijk et le Sparta Rotterdam ont été interrompus en raison de faits de violences dans les tribunes.
En mai dernier, un match de la 32e journée entre Groningue et l'Ajax d'Amsterdam a dû être arrêté après moins de neuf minutes de jeu à la suite de jets de fumigènes sur la pelouse.
Au cours du même mois, des supporters de l'AZ Alkmaar cagoulés avaient tenté de prendre d'assaut la zone réservée aux amis et à la famille de l'encadrement de West Ham après la victoire 1-0 du club anglais en demi-finale de la Ligue Europa Conference.
Les autorités avaient alors émis la possibilité de se tourner vers la Grande-Bretagne afin d'étudier le "modèle anglais", dont la lutte contre le hooliganisme a eu des effets positifs spectaculaires.
Dans les années 1980, les clubs de football anglais avaient été bannis des compétitions européennes pendant cinq ans après la mort de 39 personnes lors de la finale de Coupe d'Europe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus au stade du Heysel, à Bruxelles.
Le modèle britannique s'appuie sur le droit pénal pour sévir, ainsi que sur de longues interdictions de stade.