Leaders en panne
Après la victoire autoritaire contre les Pays-Bas (4-0) jeudi, c'est comme s'il y avait eu une décompression générale chez les Bleus. "On a tout essayé jusqu'à la fin" mais "il nous a manqué un peu de jus dans la dernière demi-heure", a confié Olivier Giroud dimanche.
"On était fatigués, mais les deux équipes étaient fatiguées", a relativisé N'Golo Kanté. Face à une équipe aussi modeste que le Luxembourg, Deschamps pouvait-il faire tourner, afin de motiver les remplaçants et préserver ses leaders ?
Physiquement, Griezmann a souffert dans ce deuxième match en quatre jours. On savait l'attaquant de l'Atletico Madrid en manque de rythme depuis son carton rouge et ses deux matches de suspension en Liga. 'Grizou' avait tout de même montré la voie contre les Pays-Bas avec un but et une passe décisive. Mais là, il n'y était plus, malgré un coup franc sur la barre. Deschamps a pourtant attendu la 89e minute pour le remplacer.
Quant à Olivier Giroud, il sort de ce rassemblement fragilisé. Le match semblait fait pour son jeu de tête, mais il a paru en grande difficulté technique et a été remplacé sous les sifflets par Alexandre Lacazette, son nouveau coéquipier chez les 'Gunners'.
Lui qui avait enchaîné les bonnes performances en Bleu n'a plus marqué depuis trois matches. Du haut de ses 30 ans, 66 sélections et 27 buts, Giroud reste un des hommes de confiance de Deschamps. Mais il a intérêt à se reprendre s'il ne veut pas relancer le débat sur l'absence de Karim Benzema, un sujet qu'évacue le sélectionneur, ou pâtir de la menace des jeunes pousses bleues.
"L'idée aurait été de mettre deux flèches devant", a d'ailleurs suggéré Yannick Stopyra, ancien attaquant international dans 'L'Équipe'.
Mbappé mal utilisé ?
Quand on parle de pépite... c'est bien sûr le nom de Kylian Mbappé qui revient en boucle. Didier Deschamps a fait un drôle de cadeau à son attaquant de 18 ans. Certes, il lui a offert sa première titularisation en éliminatoires du Mondial, mais il l'a aligné sur un côté droit auquel il n'est pas habitué.
Un faux débat pour certains techniciens. "Moi je pense qu'il peut jouer partout, dans plusieurs systèmes, un 4-4-2, un 4-3-3, avec deux attaquants, dans le couloir droit, dans le couloir gauche. Je l'avais fait joué à ces deux postes là (en sélection de jeunes U19)", expose ainsi à l'AFP Ludovic Batelli, son ancien coach national chez les jeunes.
Mbappé a d'ailleurs été entreprenant et intéressant dans ses dribbles, contrairement à ses coéquipiers en attaque. Sauf que Deschamps l'a sorti dès l'heure de jeu, ce qui laisse un goût étrange. On aurait aimé le voir plus longtemps et évoluer dans l'axe, en deuxième attaquant.
À gauche, le latéral Layvin Kurzawa a complètement raté sa rencontre. Il n'est jamais parvenu à adresser un bon centre, malgré 17 tentatives... Mais Deschamps n'avait pas trop de choix: Benjamin Mendy était convalescent. Comme l'a reconnu 'DD', le réservoir reste mince aux postes des latéraux.
Choix gagnants : Kanté et Lemar
Contre le Luxembourg, 136e au classement Fifa, les Bleus ont cependant beaucoup tenté. "Si on n'avait pas eu autant d'occasions, ça m'aurait plus embêté, mais on les a eues, et malheureusement on ne les a pas concrétisées", a martelé Deschamps.
Et le nul face au Luxembourg ne doit pas occulter certains choix payants. Il sera difficile de déloger N'Golo Kanté. Redoutable dans les duels, précieux et régulier, le lutin d'1,68 m a rayonné dans l'entre-jeu. Contre les Pays-Bas, le milieu de terrain de 26 ans a touché cent ballons, pour très peu de déchet. Face au Luxembourg, c'était tout simplement l'un des rares à surnager.
L'autre grand gagnant de ce rassemblement est Thomas Lemar, titularisé sur l'aile gauche en l'absence de Dimitri Payet, blessé. À 21 ans, le Monégasque a marqué ses deux premiers buts en Bleu face aux Néerlandais. Le premier est une merveille : une reprise de volée du gauche, limpide, en pleine lucarne. À l'instar des autres Bleus, il a en revanche été trop brouillon contre le Luxembourg, le soir de sa 7e sélection.