Alors que le club comptait jouer à Kharkiv, une ville peu éloignée de sa base de Donetsk qu'il avait déjà dû quitter en 2014 après le déclenchement d'une guerre entre les soldats ukrainiens et des séparatistes prorusses, l'UEFA a ordonné la délocalisation du match à Kiev.
En cause, la loi martiale récemment introduite dans plusieurs régions ukrainiennes, dont celle de Kharkiv, suite à l'incident armé entre des navires de guerre ukrainiens et russes au large de la Crimée. Voilà comment le Shakhtar accueillera l'OL à 700 km de chez lui, au moment où il a plus que jamais besoin de ses fans.
"C'est plus qu'une finale ! Tu as encore le temps d'acheter ton billet (...) et de tout voir de tes propres yeux !", a lancé le Shakhtar sur son site internet en appelant ses supporters à venir le suivre à Kiev.
Avant la dernière journée de la phase de poules, Lyon est deuxième avec sept points, le Shakhtar troisième avec cinq points. Un match nul suffit aux Gones pour se qualifier mais une victoire du club ukrainien l'enverrait en huitième.
"L'équipe perd ses fans"
Sous la houlette de l'oligarque Rinat Akhmetov et des nombreux joueurs brésiliens qu'il embauchait à prix d'or, le Shakhtar Donetsk est devenu un des clubs les plus populaires du pays et un porte-étendard de l'est du pays.
Mais ces constants déménagements commencent à fatiguer les supporters du club ukrainien, qui ne peuvent pas tous se permettre de voyager à travers le pays pour le suivre.
"C'est très difficile pour un club de jouer dans une ville qui lui est étrangère", explique à l'AFP Rousslan, un supporteur du Shakhtar qui réside à Donetsk. "L'équipe perd bien sûr tous ses fans, leur soutien", estime-t-il.
Dans un sens, jouer à Kiev est un moindre mal. Avant de s'installer à Kharkiv, le Shakhtar a joué pendant deux ans ses matchs à Lviv, à plus de 1200 km de Donetsk. Au problème géographique, se mêlait alors un problème politique.
Pour les habitants de Lviv, grande ville de l'ouest de l'Ukraine qui a été en pointe durant le mouvement proeuropéen du Maïdan, supporter l'équipe de Donetsk, fief des séparatistes prorusses, n'allait pas de soi.
En attendant, le Shakhtar doit s'adapter. "Nous regrettons que le terrain du match ait changé, en causant des inconvénients pour nos supporters qui pensaient assister au match à Kharkiv", a déclaré l'entraîneur portugais du Shakhtar, Paulo Fonseca, dans un communiqué.
Ville du Dynamo, le rival
"Nous espérons voir votre soutien à Kiev", a-t-il souligné, en s'adressant aux fans du club. Le Shakhtar a même proposé de réserver les meilleures places du stade olympique de Kiev, d'une capacité de 70 000 places, pour les supporters qui avaient acheté leurs billets à Kharkiv mais souhaitent désormais venir à la capitale.
La distance à parcourir n'est qu'une partie du problème: la capitale ukrainienne est aussi la ville du Dynamo Kiev, le grand rival du Shakhtar Donetsk.
"Ce serait mieux de jouer à Kharkiv. Il y a beaucoup plus de nos supporters là-bas", raconte à l'AFP Sergueï Tsveliov. Cet étudiant de 20 ans qui habite une petite ville de l'est de l'Ukraine envisageait d'aller voir le match à Kharkiv "mais ça sera très difficile pour moi de venir à Kiev".
Pour leur part, les joueurs du Shakhtar, champion d'Ukraine en titre et bien partis pour conserver leur titre, semblent loin d'être découragés. "Nous ne sentons aucun danger dans les villes que nous visitons", assure Paulo Fonseca.
Cette délocalisation du match "n'a pas causé de grand problèmes pour nous" autres joueurs, lui fait écho le milieu de terrain Taras Stepanenko. "Mais c'est un grand problème pour nos supporters", confie-t-il à l'AFP.