Lens veut retrouver le Nord face à Lille

Si l'enjeu sportif est assez relatif en ce début de saison, celui de la suprématie régionale ne l'est pas entre ces deux antagonistes historiques. Avant d'anticiper l'avenir, et ce derby au Stade Bollaert-Delelis, évidemment comble pour l'occasion, il a d'abord été question, cette semaine à Lens, de parler du passé.
Les 'Sang et Or' (huitièmes, six points) n'ont plus pris le dessus sur Lille (deuxième, dix points) depuis 2022 (quatre défaites et deux matches nuls depuis) et c'est dans cette période que Pierre Sage a replongé son groupe.
"Nous avons mené différentes actions avec les joueurs pour prendre conscience du derby, a déroulé l'entraîneur lensois ce vendredi. L'une d'elles nous a renvoyés à la saison où l'équipe a gagné les trois derbys (deux en championnat, un en Coupe de France, NDLR) et ce retour extraordinaire (à Lens après un succès au Stade Pierre-Mauroy, NDLR). Ne l'ayant pas vécu, cela m'a vachement interpellé, les émotions sont montées un peu et je me suis dit vivement samedi que ça arrive."
L'entraîneur de 46 ans n'est pourtant pas un novice dans le registre. Son vécu lyonnais, point commun avec son homologue lillois Bruno Genesio, l'avait déjà initié aux atmosphères bouillantes d'une rivalité territoriale.
Laquelle a même été imagée par le coach du LOSC. Ces affrontements Lens - Lille, à l'instar des Lyon - Saint-Étienne, "ce sont les deux derbys français qui ressemblent un peu aux derbys londoniens", selon Genesio. "Il y a une vraie rivalité entre les deux clubs, les deux villes, les joueurs, les supporters".
Dans l'Artois, la visite mi-septembre du centre minier de Lewarde, référence de l'époque des corons et du labeur des gueules noires, a été un élément de compréhension supplémentaire: "Certaines personnes du staff ont perdu des membres de leur famille dans des accidents à la mine, a raconté Pierre Sage. On comprend l'importance de ce phénomène social et l'impact que cela a sur les gens."
Au-delà de l'aspect sociétal, et d'un dernier entraînement ouvert au public (2.500 personnes) pour initier au derby un effectif grandement renouvelé cet été, Lens entend "lancer la saison définitivement" selon le latéral Ruben Aguilar, avec les crocs de ceux déterminés à faire tomber le LOSC, "conquérant, costaud, difficile à manœuvrer" et invaincu jusqu'ici en Ligue 1.
Seulement privé de Deiver Machado (blessé à un genou), Pierre Sage, toujours en quête de réalisme offensif, pourrait refaire appel à Wesley Saïd, sur le banc à Paris la semaine dernière (défaite 2-0).
À Lille, Bruno Genesio ne s'attend pas à un sommet de football: "On a rarement des très grands matchs dans les derbys. Ils sont souvent âpres, hachés. J'espère que demain (samedi), cela changera."
Contrairement à la saison dernière, deux ex-champions du monde (Olivier Giroud à Lille, Florian Thauvin à Lens) seront sur le pré. Probablement l'ingrédient supplémentaire pour définitivement embraser la région.