Bourigeaud, une légende en rouge et noir

"C’est un grand mot, mais moi je trouve qu’il fait partie des légendes du club aujourd’hui, +Bourige+", avait lancé l'entraîneur rennais à la veille du match retour contre l'AC Milan, au sujet de son milieu de terrain.

Comme en réponse au panégyrique dressé par son coach, Bourigeaud s'était fendu du premier triplé de sa carrière pour offrir une victoire (3-2), certes de prestige, mais historique tout de même pour les Bretons.

Aujourd'hui âgé de 30 ans, le Calaisien, formé à Lens et débarqué sur les bords de la Vilaine à l'été 2017, a donc atteint ce cap significatif à un rythme de plus de 40 matches par saison.

Le signe d'une santé de fer, d'un régularité dans les performances, mais aussi de sa très grand polyvalence, lui qui a joué à tous les postes de l'entre-jeu, ailier à droite comme à gauche, ou même dépanné en piston ou second attaquant.

Très vite, il a conquis les supporters par son activité incessante, sa hargne, sa générosité.

Un pied exceptionnel 

"J'étais jeune, j'étais un peu insouciant, un peu feu follet (...) je donnais tout, mais je ne calculais pas trop mes efforts", s'est-il récemment souvenu, au sujet de ses débuts parfois brouillons, dans une vidéo sur le site du club.

Mais il a très vite su se domestiquer pour devenir l'un des meilleurs milieux de Ligue 1 grâce à une technique de passe et de frappe exceptionnelle.

"Son pied est toujours aussi clinique, ses coups de pied arrêtés sont toujours top", avait aussi souligné Stephan, dont l'une des premières mesures, à son retour, fin novembre, avait pourtant été de lui retirer le brassard de capitaine pour le confier à Steve Mandanda.

"On avait échangé sur les raisons qui m’avaient amené à prendre cette décision (…) Ça ne l’a pas impacté dans son rendement au quotidien, dans la relation avec les autres. Et ça je trouve que ça le caractérise complètement. Il n’a pas besoin d’avoir un morceau de tissu autour du bras pour s'investir, s’engager, prendre ses responsabilités", avait souligné le coach, qu'on devine proche du joueur.

Ensemble, ils ont connu la victoire en Coupe de France en 2019, des soirées mémorables, comme la victoire contre Arsenal (3-1) la même année, ponctuée d'une volée sublime dans la lucarne, au Roazhon Park, mais aussi bien des déconvenues qui ont épaissi le cuir du joueur mais pas son âme.

La rédemption sur le terrain 

"Le joueur est à l’image de l’homme ou l’homme à l’image du joueur. Il donne toujours tout, il est entier, généreux", avait énuméré Stephan.

Travaillé par des problèmes extra-sportifs en début de saison, Bourigeaud est allé chercher sa rédemption sur le terrain.

Depuis début 2024, avec 8 buts et 2 passes décisives, toutes compétitions confondues, il est tout simplement le milieu le plus décisif des championnats du Top 5 européen sur cette période.

Avec 62 buts plus 64 offrandes à son actif, au total, et ramené à son temps de jeu, il est décisif une fois tous les deux matches.

Il espère l'être encore souvent en cette fin de saison, où Rennes peut encore accrocher une septième qualification européenne consécutive par le championnat ou la Coupe, même s'il faudra aller battre le Paris SG en demi-finale, puis Lyon ou Valenciennes (L2) en finale, pour cela.

Quand on lui demande de quoi il rêve encore, il répond pourtant: "les émotions. Il n'y a que ça qui me donne envie aujourd'hui".

"Je ne vais pas te dire un titre supplémentaire. Je vais tout faire pour l'obtenir, bien sûr. Mais j'ai envie de vivre des émotions et j'ai envie de continuer à prendre du plaisir avec ce club comme je le fais depuis que je suis arrivé", a-t-il confié.