La Ligue des nations porte bien son nom lorsqu'elle oppose les deux pays de cœur du meneur de jeu : celui qui l'a vu naître, à Mâcon (centre-est), et celui qui l'a transformé en footballeur professionnel, du côté de San Sebastian, à la Real Sociedad.
La finale Espagne-France, à Milan (20h45), sera chargée de ce symbole pour le joueur de l'Atlético Madrid : à 30 ans, l'international français s'apprête à défier une Roja rajeunie dont il a croisé tous les joueurs, ou presque, sur les pelouses de Liga du haut de ses 400 matches disputés en Championnat d'Espagne.
"Dans le vestiaire, ça chambre un peu. J'aimerais bien chambrer lundi", en rentrant à Madrid, blague l'ancien Barcelonais, un proche du milieu espagnol Koke chez les Colchoneros.
"Il a marqué son époque"
De l'autre côté des Pyrénées, Grizou reste considéré comme l'un des hommes forts du championnat sur la dernière décennie, admiré même par les plus jeunes malgré une quête toujours inachevée de titre en Liga.
"Quand Antoine était à la Real, j'étais petit et je n'avais pas une idée précise de ce qu'était le football, mais le parcours qu'il a eu là-bas a montré le type de joueur qu'il était. Il a marqué son époque", l'a salué vendredi l'ailier Mikel Oyarzabal (24 ans), formé à la Real Sociedad comme son aîné parti du pays basque en 2014, l'année de sa première sélection.
Depuis ce 5 mars 2014 contre les Pays-Bas (2-0), l'histoire tricolore de Griezmann s'est écrite d'un seul trait, ou presque. L'attaquant n'a manqué que quatre rencontres en sept ans et demi, et va enchaîner dimanche un 57e match d'affilée, record absolu dans l'histoire de la sélection.
"Ça montre l'importance qu'il a au sein de l'équipe de France et la confiance que lui accordent le sélectionneur et tous ses coéquipiers. On espère un après-match joyeux pour fêter sa 100e", a commenté samedi son capitaine Hugo Lloris.
Ce parcours international bien rempli, du Brésil 2014 au titre de Moscou en 2018, en passant par ses pleurs en finale de l'Euro 2016 qu'il terminera comme meilleur buteur (6 buts), tranche avec les soubresauts accompagnant son quotidien depuis deux ans, en club.
Proche des records
Son transfert à Barcelone, à l'été 2019, n'a pas représenté le bond en avant dont il rêvait pour sa carrière. Et son retour à l'Atlético deux ans plus tard, négocié en plein rassemblement international de septembre, peine à porter ses fruits depuis le début de saison, malgré un but en Ligue des champions contre l'AC Milan... à San Siro, stade qu'il retrouve dimanche.
"Ce n'est jamais évident de revenir dans un club, surtout quand ça n'a pas marché ailleurs. Il faut qu'il s'habitue de nouveau, ça ne se fait pas comme ça en claquant des doigts, et l'attente est forte. Mais le connaissant, avec son mental et sa capacité footballistique, je ne me fais pas de souci", l'a soutenu son sélectionneur Didier Deschamps lors de l'annonce de la liste d'octobre.
En faisant de Griezmann son homme fort dès le Mondial 2014, le technicien a posé les jalons d'un futur monstre de statistiques. Outre sa longévité qui lui permettra dimanche de devenir le 9e international français à atteindre les 100 sélections, Griezmann (41 buts, 20 passes décisives) s'approche à chaque stage un peu plus des records de buts (51) et de passes (27) de Thierry Henry.
"C'est proche, mais ce n'est pas un objectif qui m'obsède : il y a des matches que je passe sans tirer !" a-t-il glissé vendredi, un mois après ses deux buts inscrits contre la Finlande, le 5e doublé de son histoire en Bleu. "Dix buts, c'est beaucoup et pas beaucoup à la fois, on va y aller mollo", a-t-il glissé dans un sourire.