Deuxième au classement de la Premier League et virtuellement quart de finaliste de la Ligue des Champions après son large succès en 8e de finale aller contre le FC Porto, Liverpool est en train de réaliser une belle campagne. Un exercice comme il n'en a pas connu depuis plusieurs années.
Une progression au niveau des résultats qui va aussi de pair avec un style de jeu très conquérant, parfois même spectaculaire et que le nombre de buts marqués (67 en championnat et 28 en Ligue des Champions) illustre parfaitement. Pourtant, en mai prochain, et à moins d'un sacre continental qui reste peu probable, c'est encore une saison blanche qui s'écoulera du côté de la Mersey.
Eliminé prématurément des deux coupes nationales, Liverpool n'a, en effet, que la Ligue des champions comme épreuve susceptible de déboucher sur un trophée, le premier depuis 2012. Le championnat étant, de son côté, promis à Manchester City.
S'il n'y a vraiment rien au bout, doit-on alors considérer que cette formation ne vaut pas mieux que les précédentes qui se sont succédées du côté d'Anfield ? Que ce qu'elle a accompli, entre les nombreux cartons (13 matches avec 4 buts ou plus marqués) et les quelques succès de prestige comme celui récolté face à City (4-3), est voué à finir aux oubliettes ?
Le débat sur les traces laissées par les équipes qui jouent, séduisent, procurent des émotions et ne gagnent rien est vieux comme le foot. Dans les années 30, la Wunderteam autrichienne avait été la première équipe à marquer les esprits sans rien remporter. S'en sont suivies les Magiques Magayers (Hongrie) dans les années 50 puis les Oranje mécaniques lors de la décennie 70.
Et au niveau des clubs, on se souviendra des Invincibles d'Arsenal, de la Quinta del Buitre du Real, voire du Dynamo Kiev de Lobanovski comme des équipes au potentiel hors norme mais restées sans consécrations continentales. Tout le travail des 'Reds' aura-t-il une valeur s'il n'y a pas de cerise sur le gâteau au moment du décompte final ?
Klopp reste fidèle à ses principes
Pour répondre à cette interrogation, il est permis de prendre le problème à l'envers et se demander si remporter des titres est nécessairement une preuve de la bonne santé sportive d'un club. Il suffit peut-être d'aller à Londres pour avoir des éléments de réponse. Bien que vainqueur de trois FA Cup depuis 2014, Arsenal n'a cessé de décliner durant cette période. À contrario, Tottenham, dont le palmarès reste vierge de toute consécration depuis 2008, est en constante progression ces dernières années. Les victoires en coupe ne sont pas synonymes d'une période de prospérité.
Ce Liverpool-là, parti pour établir sa troisième meilleure marque de points sur une saison en PL (2.06 par match), n'est nullement inférieur au Liverpool de 2011/12 dirigé par Kenny Dalglish et qui avait remporté la League Cup mais avec une moyenne calamiteuse de points en championnat (1,36).
Aujourd'hui, et même s'il sait que viendra un moment où son bilan sera forcément évalué en fonction des trophées qu'il aura amassés, Klopp continue de miser sur ses idées et préceptes. Ceux qui font vibrer Anfield un samedi et qui agacent le week-end suivant. Et puis, proposer un football attractif et spectaculaire et gagner des trophées sont deux choses pas éternellement destinées à demeurer incompatibles à Liverpool.