Pourtant, tout avait bien commencé. En mai 2018 la LFP se réjouissait de l’accord historique de diffusion conclu avec le groupe sino-espagnol pour la période 2020-2024.
Le défaut de paiement de Mediapro pourrait remettre en cause le contrat et à terme, se voir écarter par la Ligue.
Voici les éléments pour bien comprendre les enjeux de ce bras de fer inédit qui suscite l’émoi au sein du football français.
Le contrat
En mai 2018, il y environ un an et demi, Mediapro, un groupe sino-espagnol remportait l’appel d’offre de diffusion lancé par la LFP. A l’époque pas de crise sanitaire en vue, tous les signaux étaient au vert. Avec ce contrat couvrant les droits TV, la LFP touchait un jackpot jamais atteint pour la diffusion de la Ligue 1 et Ligue 2 de 814 millions d’euros par an. Une progression de 762 millions annuels par rapport à la période allant de 2016 à 2020.
En contrepartie de l’appel d’offre remporté à la barbe de Canal +, diffuseur historique, Mediapro s’engageait à créer la chaîne Téléfoot dédiée à la diffusion de la plus grande partie des rencontres de la Ligue 1 et l’intégralité de la Ligue 2 pour la période 2020-2024
Mediapro mis en demeure
Mediapro s’est retrouvé dans l’impossibilité de régler la facture d’octobre. Confronté à cette situation, Arnaud Rouger, le directeur général exécutif de la Ligue a dû mettre en demeure le groupe sino-espagnol et actionner la garantie qu’avait donné l’actionnaire lors de la signature du contrat.
Arnaud Rouger a indiqué que Mediapro s’était bien mis sous la protection du Tribunal de commerce de Nanterre ce qui a obligé la Ligue à une stricte obligation de confidentialité sur l’affaire.
Depuis la LFP a mis en demeure le groupe sino-espagnol de régler les échéances des 1ers et 5 octobre.
Que veut Mediapro
Le 8 octobre, Jaume Roures, le président et fondateur de Mediapro a annoncé son souhait de vouloir renégocier le prix des droits TV pour la ligue 1 et la Ligue 2. Il justifie le défaut de paiement par la crise du coronavirus qui a touché le foot français. De son côté la LFP réfute catégoriquement l’argument le considérant comme pas recevable.
D’après Le Canard Enchaîné, la souscription à Téléfoot a fait un flop. La chaîne du groupe sino-espagnol ne comptant pour l’heure que 278.000 abonnés après deux mois de compétition, bien en dessous des expectatives. Il faut dire qu’à 25 euros par mois pour voir du foot français ça fait un peu cher l’abonnement surtout en période de crise économique.
Mediapro a réussi à rafler la mise auprès de la LFP alors que l’Italie l’avait écarté des droits TV pour la Serie A pointant l’absence de garanties financières.
Est-ce que le groupe sino-espagnol, à l’instar d’un joueur de poker au casino en ligne, a tenté un coup de bluff dans lequel sont tombés les instances du football français par appât du gain ?
En effet comment expliquer ce contrat alors que Moody’s, l’agence de notation financière, avait en avril 2018 rétrogradé la holding propriétaire du groupe à B3 alors qu’elle était à B1 auparavant ? Note qui correspond à un risque élevé de non remboursement ou de retard de paiement de crédits.
Les semaines à venir devraient voir la situation s’éclaircir et une solution va devoir être trouvée, soit en obtenant le paiement de la facture par Mediapro soit en cassant le contrat et en redistribuant les droits TV entre Canal +, beIN et éventuellement RMC Sport. Pas sûr dans ce cas que les mêmes montants seraient versés...