On le pensait sorti du circuit. Mais, voilà, il est réapparu. Héros messin lors des 16es de finale de la Coupe de France, Quentin Beunardeau (23 ans) s'est offert un instant magique, trois jours seulement après ses débuts en Ligue 1, le 21 janvier à Monaco (3-1). Pour Goal, le gardien grenat raconte comment il a vécu ses quatre penalties repoussés contre Tours (0-0, 1-2 tab) et dresse le tableau d'un parcours déjà riche avant Metz-Caen (18h30), ce mercredi, en 8e de finale. Un match qu'il débutera en tant que titulaire.
La séance de tirs au but contre Tours
"C'est un super souvenir, qui va rester ancré en moi toute ma carrière. Arrêter quatre penalties, ça n'arrive pas souvent. Dans ces moments-là, tu es en état de grâce. J'avais ma petite auréole au-dessus de la tête et rien ne pouvait m'arriver. Dans le football, il faut de la réussite. J'en ai eu et ce soir-là, je ne pouvais rien demander de mieux."
Les penalties, une spécialité ?
"Plus jeune, j'avais fait le même exploit en finale UNSS en arrêtant quatre penalties, contre le FC Metz d'ailleurs. Depuis, je n'ai pas eu de grosses séances à disputer même si à Tubize, l'année dernière, j'en ai arrêté au moins trois. Ça m'arrive de temps en temps d'arrêter des penalties, mais je ne m'entraîne pas plus dans ce domaine. Il faut savoir plonger, c'est tout. Aujourd'hui, les tireurs sont de plus en plus forts. Moi, j'y vais à l'instinct. Je choisis un côté. Après, il faut de la réussite et partir au bon moment."
Sa signature au FC Metz l'été dernier
"Je sortais de deux belles années à Tubize. J'étais en fin de contrat et la nouvelle direction n'a pas souhaité me renouveler. J'ai eu la chance que Monsieur Arpinon m'appelle. Le FC Metz a été clair avec moi. On m'a présenté un projet sur le long terme qui m'a tout de suite plu. Je savais qu'il y aurait de la concurrence, mais il y a eu un feeling."
Ses débuts en Ligue 1 à Monaco
"Je suis super heureux d'avoir pu débuter en Ligue 1. En plus, contre le champion de France en titre, au stade Louis II. Quand j'ai vu qu'Eiji (Kawashima) prendre le rouge, je ne me suis pas posé de questions. J'ai pris les gants et c'était parti. Honnêtement, je pense que sur ce match c'était plus facile pour moi d'entrer en jeu que d'être titulaire. Je n'ai pas eu à réfléchir. J'en garde un super souvenir aussi. C'était trois jours seulement avant le match contre Tours. Cette semaine va rester graver en moi."
Le transfert avorté d'Ali Ahamada
"Le coach nous avait prévenu qu'il allait arriver. Malheureusement pour lui, ça ne s'est pas fait. J'ai essayé de ne pas trop y penser pour ne pas cogiter, même si j'étais déçu et énervé. Ce sont des choix de direction, il faut faire avec. Au final, il n'a pas signé et ça tourne en ma faveur. Comme me l'a dit mon père. 2018 c'est peut-être mon année."
Régis Beunardeau, son papa
"Mon père, il a une importance capitale dans ma carrière. Déjà, je l'ai eu cinq ans comme coach. Deux ans en U19, deux ans en CFA et une demi-année en pro. Cette relation père-fils n'a pas toujours été facile à gérer. Des fois, je rentrais à la maison et je faisais encore la gueule. Mais si j'en suis ici aujourd'hui, c'est en partie grâce à lui. Il m'a mis en confiance, m'a lancé avec les 19 ans alors que je n'avais que 16 ans. C'est un guide pour moi. Il n'a pas fait 510 matches en pro avec Le Mans (record) sur un coup de chance. Je l'ai souvent au téléphone, on discute beaucoup. Même s'il est loin, il essaye toujours de me faire progresser. Heureusement qu'il est là, je l'en remercie."
De l'équipe de France U16 à U20
"C'était magnifique. J'ai fait deux championnats d'Europe, une Coupe du monde. J'ai même titillé les Espoirs alors que je n'avais pas l'âge. J'ai joué avec des joueurs exceptionnels comme Benjamin Mendy, Aymeric Laporte ou Anthony Martial. J'ai rencontré des personnes supers, comme Ludovic Batelli ou Francis Smerecki. Malheureusement, quand je suis parti à Nancy, j'ai fait une croix dessus. Je ne sais pas ce qui s'est passé. On ne m'a plus appelé. Je n'ai jamais eu d'explications par rapport à ça et je n'en aurai jamais."
Nancy, un mauvais choix de carrière ?
"Pour moi, c'est un mauvais choix, mais on ne peut le savoir qu'après. Le président Rousselot a appelé mon père au mois de juin pour lui dire que le coach Gabriel voulait me faire venir. J'étais d'accord, mais le club ne voulait pas débourser d'argent vu que j'allais être libre. Le Mans n'a déposé le bilan qu'en octobre. D'octobre à décembre, j'ai fait des essais au Bayern et à la Sampdoria. Je pouvais aussi signer à Villarreal. Finalement, le président Rousselot m'a rappelé au mois de décembre. Il voulait encore que je vienne même si le coach avait changé. Pour moi, c'était l'opportunité de rester en France, mais lorsque je suis arrivé à Nancy, Pablo Correa n'était pas du tout au courant de ma venue. Ça m'a joué des tours, le coach s'est fait une mauvaise image de moi, je n'étais pas en jambes, un peu en surpoids vu que ça faisait six mois que j'étais au chômage."
Merci Tubize !
"Quand Nancy m'a appelé pour me dire que Tubize (D2 belge) me voulait. Je me suis dit "bordel, c'est quoi ce club ?" Je ne connaissais pas du tout. C'était soit je restais n°3 ou n°4 à Nancy, soit je partais là-bas. Le choix a été vite fait et j'en suis ravi parce que j'ai passé deux superbes saisons avec des personnes exceptionnelles, dont mon coach des gardiens avec qui j'ai gardé d'excellents rapports (Thierry Berghmans). Sans Tubize, je ne serai pas en Ligue 1 aujourd'hui."
Propos recueillis par Benjamin Quarez