"On avait l'impression d'avoir le village gaulois d'Astérix d'un côté, et les Romains de l'autre. J'ai connu Haïfa, les ambiances à Milan ou Marseille. Mais là, vraiment, j'ai eu peur." Plus de 18 ans après, Homer, abonné à l'époque en Tribune Auteuil, n'a presque rien oublié de ce PSG-Galatasaray. Un soir de mars 2001 où les violences entre supporters ont pris le pas sur le contexte sportif, dans un match remporté 2-0 par le PSG, déjà éliminé. D'ailleurs, aujourd'hui, peu de gens ont encore en mémoire le doublé du Brésilien Christian. En revanche, rares sont ceux à avoir oublié ce qui s'est passé en tribunes.
Stéphane Bitton, alors grand reporter à 'L'Equipe', était présent ce jour-là. "Je me souviens de la violence, des bagarres. D'un coup, on a commencé à voir des gens courir. Des supporters de Galatasaray voulaient en découdre, ils se sont retrouvés dans le quart de virage, entre Auteuil et la tribune H. Les mecs se battaient devant l'écran, on les voyait bien, il y avait des coups de ceinture, des coups de poings. C'était une bagarre générale. Les flics ne sont pas intervenus tout de suite, on voyait les mecs tomber, certains envoyaient des sièges. Je me suis dit qu'il y allait avoir un mort, on était tous flippés", raconte-t-il pour 'Goal'.
"La grille a fini par s'ouvrir..."
Pourtant, avant la rencontre, tout le monde savait ce match à haut risque. Mais les conditions de sécurité n'étaient pas optimales. "Les jours précédents le match, tous les Turcs de la région voulaient y aller. Tout le monde demandait s'il y avait des places à gratter. On savait que le Parc des Princes serait rempli de Turcs, tous éparpillés dans le stade, et le PSG a très mal géré la vente des places", reconnaît la mort dans l'âme un fan du club.
"Et c'est à la mi-temps que c'est partie en sucette. Ça secouait les grilles, ça secouait les grilles, reprend Homer. Les gens de la Tribune Auteuil se sont dirigés vers les grilles de droite, et quand ça s'est calmé, c'est parti de l'autre côté. Les gens en haut ont essayé d'attraper une bâche des Supras. Cétait ce qu'il ne fallait pas faire. On a réussi à la sauver, mais les mecs ont commencé à sauter sur la grille pour essayer de faire péter une porte. Et la grille a fini par s'ouvrir..."
56 blessés et une dizaine d'interpellations
S'en sont suivies des scènes d'une violence extrême, en deuxième période. Une palanquée de supporters parisiens se sont retrouvés nez à nez avec ceux de Galatasaray. Des Turcs ont fini sur la pelouse, obligeant l'arbitre à arrêter le match près de 20 minutes.
"Au départ, on était restés sur le terrain, se souvient Jimmy Algerino, qui était titulaire côté PSG. Puis on nous a demandé petit à petit de se rapprocher du tunnel. J'ai le souvenir sur un arrêt de jeu de voir ce qui se passe, de remarquer des supporters qui se mettent sur la gueule. On voyait le danger, les mouvements de foules. Certains avaient escaladé, ça nous a obligé à battre en retraite au niveau du vestiaire. Je n'ai pas connu beaucoup de matches comme ceux-là. Ça fait partie des matches les plus atypiques que j'ai vécus au Parc."
Avec 56 blessés, dont 17 hospitalisés, et une dizaine d'interpellations selon la police, ce PSG-Galatasaray s'est terminé sur une note bien pâle. Un soir en plein cauchemar, à jamais gravé dans les livres d'histoire du club de la capitale. "Mais c'était une certaine époque. Aujourd'hui, c'est tellement encadré...", conclut Jimmy Algerino. Mercredi, pour les retrouvailles, 1300 agents de sécurité seront déployés dans le stade contre 1100 habituellement pour une rencontre de Ligue des champions.