Après une entame de compétition réussie face à la Tanzanie, le retour sur terre a été brutal pour les Lions de la Teranga. Les mines sont déconfites, les regards hagards, la frustration palpable. Mbaye Niang, Ismaïla Sarr, Keita Baldé le savent : ce soir du jeudi 27 juin, leur courte mais nette défaite face à l’Algérie (0-1) n’est pas un bon résultat pour un "favori" du tournoi continental.
La nouvelle génération mesure le poids du passé : les Sénégalais sont systématiquement annoncés favoris depuis 2002 et la finale de la génération Diouf au Mali, perdue aux tirs aux buts face au Cameroun à Bamako. Depuis, ils trébuchent à chaque fois. Mais pourquoi ?
Le JO de Londres, acte fondateur de la reconstruction
Comme plusieurs grandes sélections africaines, le Sénégal a connu sa traversée du désert pendant les années 2000. Deux Coupes du monde manquées, en 2006 et en 2010, des absences à la CAN en 2010 et en 2013 et des éliminations au premier tour en 2008, 2012 et 2015. La reconstruction du football sénégalais, après le départ des héros asiatiques de 2002, a pris du temps.
L’espoir est revenu dix ans plus tard grâce au parcours passionné et passionnant des Lionceaux sénégalais aux Jeux Olympiques de Londres, achevé sur une élimination en quart de finale par le Mexique, futur vainqueur. Une défaite fondatrice, veut croire le peuple sénégalais.
Dans le sillage du formidable travail réalisé par les centres de formation locaux Diambars et Génération Foot, l’espoir renaît dans la Teranga. Avec l’émergence de Sadio Mané, Kara Mbodj ou encore Henri Saivet, les Sénégalais reviennent sur la scène continentale, en 2017 au Gabon, avec l’étiquette de talentueux favoris. Mais perdent à nouveau contre les Camerounais, aux tirs aux buts, contre les futurs vainqueurs. Maigre consolation, cette fois en quart de finale (0-0, 4-5 aux t.a.b).
Aliou Cissé a des réponses à donner
La révolution tactique attendue sous Aliou Cissé n’a pas (encore) eu lieu : l’ancien capitaine est décrié pour son attentisme, sa difficulté à répondre aux coups que lui portent ses adversaires de banc (comme ce troisième match de phase de groupes en Russie contre la Colombie où alors que le Sénégal est virtuellement éliminé, ses changements ont été tardifs et se sont cantonnés à du poste pour poste, sans succès). Plusieurs de ses joueurs cadres sont également sceptiques sur ses capacités tactiques. Voilà pourquoi cette nouvelle défaite contre l’Algérie inquiète et vexe le pays.
Et pourtant, après la victoire sereine face au Kenya et la deuxième place du groupe assurée, voici un autre pays d’Afrique de l’Est qui se dresse devant eux : l'Ouganda, une sélection très créative. Bonnes dernières de leur groupe lors de la CAN 2017, les Grues avancent désormais avec le plein de confiance depuis qu’elles sont entraînées par le Français Sébastien Desabre.
L'Ouganda a tout à gagner
Faruk Miya, Emmanuel Okwi et Khalid Aucho, entre autres, ont pris de l’envergure depuis deux ans et on ne voit pas comment ils ne pourraient pas poser de problèmes -notamment de vivacité- à la charnière Kouyaté-Koulibaly, très en difficulté face aux Fennecs.
Le travail tactique du technicien français, qui entraîne en Afrique depuis 2010, a permis d'ammener les Ougandais à un style de jeu beaucoup plus créatif. Leur marque de fabrique ? Une organisation défensive redoutable, des milieux qui n’hésitent plus à se projeter et une grande liberté laissée à Miya, qui ne devrait plus rester en D1 croate très longtemps.
L’Ouganda a donc tout à gagner, le Sénégal tout à perdre. C’est donc une rencontre très ouverte qui s’annonce ce vendredi soir sur la belle pelouse du stade du Caire. Reste à savoir qui des Lions ou des Grues saura ouvrir sa route vers les quarts de finale.