Symbole de la force du groupe, Forsberg accepte de bonne grâce d'être garrotté dans un rôle restrictif de milieu gauche pour le bien de l'équipe alors que ses qualités s'expriment mieux en N.10 libre.
L'Olympique de Marseille a pu par exemple mesurer sa pointe de vitesse en quart de finale d'Europa League avec Leipzig. Forsberg brille en Bundesliga depuis deux saisons, malgré une blessure l'hiver dernier.
Mais sa couverture est précieuse dans le style de jeu hérisson de la Suède, et tant pis si sa fantaisie s'exprime moins.
Et ça lui va très bien, merci. "La tête dans le guidon, travaille dur, reste concentré, ça ne va pas toujours dans ton sens, des fois les choses tournent mal, mais tu dois garder les pieds sur terre sachant qu'il est toujours possible d'y arriver", justifie-t-il.
Ne lui parlez pas de Zlatan !
"J'ai toujours travaillé comme ça et ça ne va pas changer", ajoute-t-il. Et son entraîneur apprécie. "Il apporte sa contribution dans tous les compartiments du jeu, il a cette très importante qualité", salue Janne Andersson.
Forsberg a su sortir du cadre le temps du seul éclair de Suède-Suisse (1-0), marquant le but qui a qualifié les 'Blagult' (Jaunes et Bleus), avec aussi un peu de chance, Manuel Akanji déviant le ballon.
Mais ne demandez surtout pas à Emil Forsberg si son équipe joue mieux depuis la retraite internationale de Zlatan Ibrahimovic, l'alpha et l'oméga du football suédois pendant 15 ans. "Vous pouvez en parler, mais moi je ne le ferai pas", répond-il laconiquement.
Avant la Coupe du monde, il avait accepté d'évoquer cette forme d'héritage. On ne cherche pas en Suède à le comparer à 'Ibracadabra', mais Forsberg est un des rares joueurs de l'équipe avec un brin d'inventivité footballistique. John Guidetti n'a pas tenu toutes ses promesses et le Toulousain Ola Toivonen n'est pas aussi régulier.
"J'ai l'impression que depuis la retraite de Zlatan, la pression et les attentes autour de moi ont augmenté", disait-il. Mais les questions sur 'Ibra' qui reviennent à chaque contact avec la presse, nationale et internationale, ont fini par agacer.
"Il impose le rythme"
Derrière Zlatan, et après le nouveau capitaine, Andreas Granqvist, Forsberg a pris une part du leadership. Il avoue même que "pour gagner", des fois il lui faut "botter le +cul+ des gars".
Et même dans ce rôle un peu moins libre sur le terrain, Forsberg est précieux, il récupère, il tacle, bref "il impose le rythme", reconnaît Janne Andersson.
Adolescent, il avait d'abord cru que son rêve de Coupe du monde ne se réaliserait jamais. Il avait été refusé à un stage car il était trop petit.
"J'étais détruit, se souvient-il. Je me suis demandé: +Qu'est-ce que je dois faire? Devenir plus grand par magie? Si je peux même pas faire ce stage comment vais-je faire pour jouer un jour pour la Suède?+"
Puis il a repris son chemin vers le football professionnel. Après avoir débuté au club de sa ville, Sundsvall, il a rejoint un des grands clubs suédois, Malmoe (celui qui a formé Zlatan...), puis le RB Leipzig.
Il y a rejoint sa femme Shanga, rencontrée quand ils avaient 14 ans, qui joue au RB Leipzig féminin. Il a raconté au Welt que son épouse, surnommée 'le Sheriff', avait beaucoup aidé à sa progression en tant que joueur. "Elle m'a encouragé à être plus agressif", disait-il.
Donc avec la retraite de Zlatan et un Forsberg endurci, le "Dix guerriers et un artiste", c'est fini. La Suède a onze guerriers.