Ce Bordeaux-Strasbourg suscitait des curiosités à bien des niveaux. Comment allait réagir le promu alsacien après son exploit contre le Paris Saint-Germain (1-2) ? Comment allait réagir Bordeaux, aussi, après une défaite alarmante à Dijon (3-2) ? Pour les deux équipes, la réponse a été très claire. Privés de leur détonateur Malcom, les hommes de Jocelyn Gourvennec ont sombré des proportions inquiétantes. Cette équipe manque de moelle. Et sans son plus gros talent, elle est destituée de sa seule arme du moment.
Le scénario de ce match ne ressemble pourtant pas totalement à ce score lourd. Bordeaux a tenu le ballon, comme souvent. Mais le club au scapulaire a été catastrophique dans les deux zones de vérité. Il faut dire qu'il est toujours plus difficile de partir avec un handicap. Dès la deuxième minute de jeu, Terrier exploitait une perte de balle au milieu pour mettre Bahoken sur orbite. Le héros de la semaine passée se jouait de Jovanovic et débloquait la situation (0-1). Tout au long du match, Strasbourg n'a jamais changé son plan. Un style assumé, direct, contre une équipe bordelaise empruntée dans les trente derniers mètres.
Il fallait même attendre le quart d'heure de jeu pour voir les Girondins déclencher leur première frappe cadrée, par Otavio, de loin (16e). Quelques minutes plus tard, Cafu s'esseyait à son tour mais ne cadrait pas (26e), pas plus qu'Alexandre Mendy (36e). En face, Strasbourg laissait passer ce temps fort bordelais pour porter l'estocade sur un coup-franc superbe de Liénard (0-2, 38). Le match s'emballait et Bahoken manquait le K.O. dans la foulée (39e), tandis que Mendy manquait encore de promptitude sur un service de De Preville (41e).
Le second acte offrait une configuration identique. Bordeaux tentait de se révolter sur du jeu placé quand Strasbourg piquait à chaque récupération. Des attaques comme des éclairs déclenchées souvent par l'intenable Martin Terrier, qui faisait passer des frissons dans un stade de plus en plus clairsemé (49e, 53e). Strasbourg continuait à concéder des occasions, mais Kamano (56e) et Lerager (62e) symbolisaient la maladresse bordelaise. Dans cette atmosphère de chaos, le dernier but strasbourgeois était d'une logique implacable. Terrier, parti du milieu de terrain, ne tremblait pas en concluant d'un plat du pied une percée en solitaire (0-3, 65e). Bordeaux ne s'en remettait pas. Malgré quelques situations des deux côtés, le score en restait là. Cette victoire permet au promu de passer devant son hôte.