Trois fours en six jours
Ce mercredi, le Real fête ses 117 ans. Mais l'heure n'est pas aux réjouissances: c'est la première fois depuis 2005-2006 que l'équipe merengue n'est plus en course dans aucune compétition aussi tôt dans la saison. Et la première fois depuis 15 ans qu'elle concède quatre défaites d'affilée à domicile.
La semaine écoulée restera dans la légende noire de la "Maison blanche". Les deux clasicos perdus face au grand rival barcelonais, mercredi dernier en demi-finale de Coupe du Roi (3-0), puis samedi en Liga (1-0), ont écarté le Real de la course aux trophées nationaux.
Comme souvent, le club européen le plus titré (13 C1) se raccrochait à son destin, à ses triomphes lors de quatre des cinq dernières Ligue des champions. Mais sans son entraîneur-talisman Zinédine Zidane, sans son buteur Cristiano Ronaldo, parti à la Juventus, ce Real vieillissant a subi contre l'Ajax Amsterdam sa pire défaite continentale à domicile (4-1).
"C'est le moment de demander pardon", a piteusement déclaré l'ailier Lucas Vazquez. "Nous sommes désenchantés, dégoûtés de ce que nous avons fait."
Et le péché d'orgueil du capitaine Sergio Ramos, suspendu pour avoir délibérément obtenu un carton jaune à l'aller comme si la qualification était acquise, fera beaucoup parler, de même que sa présence mardi en loge au stade Bernabeu, entouré de caméras tournant un documentaire à sa gloire...
Une "fin humiliante pour un cycle inégalable", a déploré le quotidien madrilène 'Marca', avec ce titre cruel: "Ci-gît une équipe qui a écrit l'histoire".
Des semaines de rumeurs
Pour le Real, cette saison à oublier s'achèvera officiellement le week-end du 19 mai face au Betis Séville.
D'ici là, une longue traversée du désert l'attend: le troisième de Liga compte 12 points de retard sur le leader Barcelone à douze journées de la fin, un gouffre quasi définitif, et n'a plus qu'à s'assurer de finir au moins quatrième pour disputer la C1 l'an prochain.
La saison des rumeurs est donc officiellement ouverte ! Dans un pays fou de foot, les noms des recrues susceptibles de rejoindre le grand Real vont faire les gros titres.
Pour la presse, une chose est déjà certaine: malgré un contrat courant jusqu'en 2021, l'entraîneur argentin Santiago Solari ne devrait plus être là la saison prochaine.
Nommé fin octobre après le limogeage de Julen Lopetegui, Solari a assuré mardi qu'il ne comptait pas "jeter l'éponge" en cours de saison. Mais son avenir immédiat dépendra sans doute du sursaut de l'équipe, dès dimanche en Liga contre Valladolid.
Cinq mois pour rebâtir
Qui lui succédera ? A l'évidence, le club ayant le plus de revenus au monde selon le cabinet Deloitte (774 millions d'euros en 2017-2018) reste très séduisant, "plus courtisé que Julia Roberts", comme plaisantait lundi Solari.
Contrairement à l'été 2018, où le président Florentino Pérez avait nommé Lopetegui par défaut, la direction a cette fois le temps de choisir le technicien idéal parmi une longue liste (Pochettino, Klopp, Löw, Allegri...). Marca n'exclut d'ailleurs pas un retour éventuel de Zidane, dont la famille vit toujours à Madrid.
L'histoire récente a montré que le Real gagnait davantage avec des techniciens bienveillants comme le Français, Vicente del Bosque ou Carlo Ancelotti. Et l'hypothèse José Mourinho, qui avait passé trois saisons houleuses au Real (2010-2013), n'est dans l'immédiat pas privilégiée dans la presse.
Visé mardi par des cris de "Florentino démission", le président merengue va surtout devoir calmer les "socios" (supporters-actionnaires) avec des transferts clinquants.
Dans l'effectif, les candidats au départ sont nombreux: Gareth Bale, incapable d'assumer l'héritage de Cristiano Ronaldo, ou encore Isco, Marcelo, Casemiro...
Et malgré le pari de la jeunesse initié par Pérez avec les Brésiliens Vininicus ou Rodrygo, il faudra sans doute attirer de nouveaux "Galactiques", ces stars planétaires au sommet de leur art. Ce qui promet une offensive ciblant les meilleurs talents : Eden Hazard (Chelsea), Neymar et Kylian Mbappé (PSG)... Au Real Madrid, l'intersaison a déjà commencé.